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HOTICE SUR SI. SERVAN DE SUGNY. 243 Théocrite, mort si jeune, après une courte mais brillante apparition dans les rangs de la Compagnie. Tous deux nous fêtions la Muse, Je Sa fête seul maintenant ! Pense à nous deux en me lisant. disait-il dans une pièce touchante adressée à une de ses nièces. 11 prit, pour sujet de son discours de réception, l'alliance de la magistrature et des lettres. C'était plaider sa propre cause; il la plaida éloquemment et en l'appuyant d'illustres exemples dans le passé et dans le présent. Chaque année il revenait de Cessy les mains pleines, et il payaitlargement à la Compagnie son tribut, soit dans les séances particuliè- res, soit dans les séances publiques. La Revue a eu la bonne fortune de publier quelques-unes de ses pièces les plus applaudies. L'Académie eut ainsi les prémices de sa .Muse Otto- mane (1). Connaissant la langue turque, M. Servan de Sugny avait eu l'idée originale de nous initier, par des traductions ou des imitations, au génie poétique de cette race, plus connue jus- qu'à lui, par ses janissaires que par ses poètes. 11 l'a fait avec succès et avec un heureux à -propos, au moment même où la France et l'Angleterre volaient au secours de Constan- tinople. Le sultan lui en témoigna sa reconnaissance par la croix du Medjidié. Ce qu'il avait fait pour la Turquie , M. Servan de Sugny avait entrepris courageusement de le faire aussi pour la Perse, l'Inde, la Chine, pour l'Orient tout entier. Déjà il nous avait donné de gracieux échantillons de la poésie chi- noise, lus à l'Académie ; déjà l'impression d'un second volume sur le Génie poétique de l'Orient, faisant suite à la Muse Ottomane, était commencée. Les forces lui ont manqué pour achever son œuvre. Après la religion, toujours la première dans sa pensée et dans son cœur, les lettres, la poésie, les diverses Sociétés (1) Voir l'article de M. Vingtrinicr sur cet ouvrage dans la Revue de novembre 1853.