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226 VIE PKIVÉE EN BOURGOGNE
des deux termes nécessaires pour établir cette comparaison
d'une manière raisonnable. Il nous reste donc à savoir quels
étaient les moyenspécuniaires de gens de la basse classe, et si les
rémunérations du travail étaient en harmonie avec le prix du
pain : et ceci nous amène à rechercher quelle était la valeur
des salaires en 1385.
Nos rôles, si riches en renseignements sur les gages que
recevaient les variets de l'hôtel, eu fournissent bien peu
louchant les salaires des ouvriers, dont on n'empruntait les
services qu'à défaut de domesticité et dans de rares occasions.
Cependant ilsfixenl le salaire d'un manœuvre de ls.,à l s. 4 d. p.;
d'un maçon, à 2 s. p. ; une femme employée à puiser l'eau
recevait 1 s. 3 d. Pour peu queletravailexigeât une aptitude
spéciale, le salaire augmentait : ainsi, un homme de bras,
chargé du soin du grenier de Rouvre, recevait 1 s. 8 d. t =
4 f. 55 c. par jour ; un aide de cuisine, en outre de sa nouri-
ture, 1 s. t. = 2 f. 75 c. ; un guide 3 s. 8 d. t. = 9 f. 60 c.
Un manœuvre, payé au plus bas prix, gagnait donc chaque
jour l'équivalent d'un décalitre de blé, et une femme un peu
moins, tandis que certains salaires dépassaient de beaucoup
cette valeur. De nos jours, en estimant à 2 f. le salaire moyen
d'un homme de peine, nous voyons qu'il reçoit aussi l'équi-
valent d'un décalitre de blé, et sa condition est pareille a
celle du manœuvre de 1385. pareille aussi à celle de nos
ouvriers les mieux rétribués, dont bien peu, je pense, attei-
gnent le salaire que recevait alors un simple guide.
Ainsi donc, en comparant seulement les salaires avec le
•prix des céréales, nous arrivons à ce résultai que la condition
privée des gens de la classe inférieure n'était pas plus mau-
vaise, si elle n'était meilleure, que celle des gens de cette
classe au temps présent. ïl nous reste h déterminer si les
autres dépenses de nécessité étaient maintenues à un niveau
aussi favorable.