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DE LA DIGNITÉ DE L'ART. 187 cette jouissance par une imitation exacte des objets qui les frappent dans la nature. L'homme doit être montré tel qu'il est dans les actions de la vie réelle, avec ses instincts et ses passions, non plus dans des drames historiques, mais dans les drames journaliers de sa vie privée. Nous répondrons, a ces apôtres nouveaux du rationalisme et du sensualisme dans l'art : Vous avez raison quand vous dites qu'a leur naissance les sociétés humaines ont un art essentiellement religieux et historique ; mais nous ajoute- rons qu'elles l'ont ainsi jusqu'à leur entier développement, jusqu'à l'apogée de leur grandeur et de leur civilisation; ce sont les âges : pour l'antiquité, des Périclès, des Alexandre et des Auguste ; pour les temps nouveaux, des Charlemagne, des saint Louis, des LéonX et des Louis XIV; ce sont les âges qui ont produit tous ces beaux monuments de l'anti- quité, dont la raison d'être peut avoir cessé d'exister, mais qui seront regardés éternellement comme la plus haute ex- pression du génie humain, modèles de pureté de goût, de simplicité et d'harmonie ; ce sont les âges qui ont attaché au sol et élancé jusqu'aux nues ces merveilles architecturales du moyen-âge, qui nous écrasent encore par leur caractère de majesté; les âges dont les chefs-d'œuvre peuplent le Vati- can, les Offices, l'Escurial et le Louvre; et pour nous résumer enfin les mêmes âges qui ont vu naître Homère, Platon, Virgile, Dante, Corneille et Bossuet. Et vous voudriez, ô réalistes, que l'art abandonne les traditions fécondes de ces âges glorieux pour suivre vos doctrines ! mais elles n'ont même pas le mérite de la nou- veauté, vos doctrines. La Grèce, après avoir produit de grands peintres, tels que Polignote, Parrhasius, Apelle, Zeuxis, Nicias etEuphanor, a eu un Pyreicus qui crut aussi qu'on avait assez représenté de dieux et de héros, et que l'art devait se démocratiser et se faire humanitaire. Il jouit