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188 DE LA DIGNITÉ DE L'ART. de son temps d'une grande réputation ; sa fortune fut rapide et immense. Aucun artiste avant lui, en traitant dés sujets sérieux, n'avait eu autant de succès que lui; et ces moyens de succès consistaient, selon Pline, a peindre des petits tableaux représentant des boutiques de barbiers et de cor- donniers, des ânes, des légumes et autres objets réalistes de cette nature ! La décadence grecque commençait. Du reste, une grande partie des peintures trouvées a Herculanum, ville détruite au moment où la Grèce allait rapidement dans sa marche, descendante, ne représente que des sujets ou des objets vulgaires. Sous les Romains, c'est un Amélius , artiste très-grave, au point de ne pas quitter sa toge pour travailler, qui ouvre pour ainsi dire la marche des peintres réalistes. Néron l'occupait constamment dans son palais. On le voit, la belle époque de l'art romain était passée ; la sculp- ture a commencé aussi a déchoir en traitant des sujets peu élevés. Quant aux époques modernes, on sait si les Espa- gnols et les Hollandais ont porté loin le réalisme. Loin d'être un progrès, on le voit, le réalisme est un élé- ment de décadence pour l'art. Malgré leur bonne volonté, les philosophes de cette école n'en feront pas un drapeau de civilisation : les mêmes causes amènent les mêmes effets. Nous croyons seulement qu'ils ne parviendront pas plus k faire accepter leurs doctrines, c'est-à -dire k faire déchoir l'art que les philosophes déistes et rationalistes ont pu ar- racher, des entrailles des sociétés modernes, les principes chrétiens qui y sont si profondément enracinés, et qui seront encore une arche de salut pour l'art et la civilisation. Examinons maintenant quelles sont les causes qui nous ont conduits au réalisme, la raison d'être de cette école et le bien même qu'on pourrait tirer de son existence. Et disons tout d'abord que cette école ne manque ni de talent ni de tout enseignement au point de vue tech-