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                      LA BATAILLE DE BRIGNAÃS.              157

qu'on leur offrait, ici ou là, une solde plus élevée. Le traité
de Brétigny, qui les laissait sans emploi, eut pour effet de
grouper leurs bandes disséminées en un corps d'armée, qui
devint pour la France un danger redoutable.
   Edouard IÎI s'était engagé ù faire remettre dans un bref
délai entre les mains des officiers français toutes les villes et
forteresses, occupées par ses troupes dans les provinces que
le traité de Brétigny restiluait au roi Jean. 11 avait en outre
prescrit 5 ses capitaines de retirer leurs gens des garnisons
auxquelles on renonçait « sans délai, cesse, département ni
« domage, à peine d'être traités comme traîtres el rebelles,
« par la manière qu'il est accoutumé à faire en crime de leze-
« maieslé, sans faire sur ce grdee, rémission, souffrance ni
« pardon (1). » Mais ce prince était trop intéressé à ce que le
désordre continuât en France pour tenir la main à l'exécution
stricte de cette clause importante du traité de Brétigny. De
grosses sommes étaient dues aux ebefs des mercenaires
anglais pour l'arriéré de leur solde ; il n'eut garde de s'ac-
quitter envers eux cl les laissa se payer de leurs mains en
ravageant le pays. Jean-le-Bon se plaignit et pria le roi
d'Anglelerrede rappeler les routiers qui avaient été à sa solde;
Edouard III lui répondit qu'il ne pouvait (enir compte de sa
demande, attendu que les rouler étaient presque entièrement
composées d'Allemands, de Brabançons, de Gascons, de gens
du Hainaut, et de mauvais Français, sur lesquels il n'avait
aucune autorité. Ce n'était là qu'un vain prétexte; la raison
véritable de sa conduite déloyale était l'espoir de voir les
routiers prendre le chemin de la Bretagne pour y oflrir leurs
services au ccmle de Monlforl, toujours soutenu par l'Angle-
terre danssa lutte contre Charles de Blois et le parti français.
Jean-îe-bon le comprit bien ; mais il était le plus faible, il
dut se résigner.
  (1) Froissart, liv. î, partie 2, ch. 141.