page suivante »
Poâm. ICI BAS. Dans les pleurs dont l'aube l'arrose Et que le soleil va sécher, Frissonnant dans sa robe rose, Vois briller ce jeune pêcher : Admire-le bien, car l'aurore Trouvera mourante demain Ses fleurs que le givre dévore, Et dont il jonche le chemin. Quand l'hirondelle est arrêtée Dans son vol par des plombs perdus, De sa pauvre aile ensanglantée Vois les battements éperdus ! Elle veut revoir sa couvée A peine éclose dans son nid, Mais ses efforts l'ont épuisée, Elle meurt seule dans la nuit. Vois dans ce bosquet de charmilles, Foulant la mousse et les fraisiers. Danser toutes ces jeunes filles, Le front ceint de fleurs d'églantiers. Mais voici la mort qui se pose Au sein de leurs ébats joyeux; L'une vivra moins que la rose Qui couronne ses blonds cheveux. Muse, ici-bas sois la eolombe De ce déluge de douleurs. Viens déposer sur chaque tombe fn rameau d'olivier en pleurs.