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446 LA TOt'K DE SAINT-DENIS troupe, redoutable même dans sa retraite, suit en bon ordre les mouvements de l'armée; elle tourne la colline, laisse Saint Denis derrière elle et Saint-Germain est délivré. Alors, du vieux château des rois de Bourgogne, de la cita- delle si longtemps assiégée et si vaillamment défendue, on vit sortir une troupe habilement conduite, bien disciplinée et bien armée qui, sans bruit, descendit la montagne , traversa l'Alba rine et à travers le vallon de Nièvre et de Vaux, à l'abri de tous les regards, se dirigea rapidement sur Lagnieu. A peine touchait- elle les murs de la ville menacée, qu'une grande rumeur s'éleva de la tour de Saint-Denis. Des trompettes embusquées sonnè- rent, la cavalerie savoisienne tourna bride ; alors, à travers des tourbillons de poussière ont vit déboucher de Saint-Denis , Beaujeu, la Baume, la Palu, le Saix, Ghalant, Varax qui, remon- tant l'Albarine, vinrent prendre position au passage du hameau de Bettant, entre Nièvre et Saint-Germain. Toute la noblesse rangée en bataille au-dessous de la citadelle abandonnée, atten- dit l'ennemi qui essayait de revenir à travers les bois ; mais en vain, les imprudents défenseurs de Lagnieu voulurent-ils percer cette ligne profonde ; l'armée savoisienne était trop nombreuse et trop vaillante pour ne pas repousser leurs efforts. Saint- Germain ne renfermant plus que des femmes et des enfants, succomba, et le pont de Saint-Denis fut la cause innocente de cette perte immense, de cet affront si grand pour les armes du Dauphiné, de la mort enfin du dauphin Jean, qui ne put survi- vre au coup qui le frappait. La position de Saint-Denis lui attira, plus d'une fois encore , le passage ou le choc des armées, rudes épreuves dont il sortait toujours appauvri ; depuis la chute du château de Saint-Germain il était resté entre les mains du comte de Savoie ; après la mort d'Ame le Grand, Edouard, son fils, réunit à Bourg des troupes nombreuses et, traversant la rivière d'Ain , vint mettre le siège devant Varey. A cette nouvelle, Guigues, dauphin de Viennois, passe le Rhône, commence à Saint-Denis les hostilités contre cette maison de Savoie si haïe et si redoutée, ravage les terres de ses éternels ennemis , gagne Ambronay et, tombant sur l'ar-