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                          LETTRE INÉDITE

 D'ADRIEN                         LAMOURETTE
        Évèque constitutionnel du département de Rhône et Loire,
                    A UN LYONNAIS DE SES AMIS,
                                    pour
            expliquer sa conduite à l'Assemblée nationale (1).



                      Paris 29 aoust, l'an IV de la liberté et de l'égalité.

   Je savois déjà , dans tous ses détails, mon cher ami, ce que
vous ne me faites qu'entrevoir au travers de tous les ménage-
ments de la délicatesse et de l'amitié. Oui, je savois que la ca-
lomnie et la haine m'avoient couvert de toutes leurs noirceurs,
et qu'elles jouissoient aujourd'hui du cruel triomphe de m'avoir
ravi la plus douce possession de mon cœur -, c'est-à-dire, l'es-
time de mes commettants, et leur confiance dans mes sentiments
et dans mes principes.
    Quelque douloureuse que soit, pour moi, la perte que la mé-
chanceté me fait essuyer, je me lais, quant à présent, parce
qu'il faut que son éruption ait son cours, et que, du fond de
ma conscience incorruptible et pure, je veux attendre que le
flambeau du temps éclaire nos concitoyens sur la véritable ori-
gine de la trame ourdie contre ma fidélité et mon honneur.
   Cependant, je dois, et à vous, mon ami, et à tous ceux à qui
j'ai été à portée de manifester mon caractère inébranlable dans
ses habitudes démocratiques et populaires, quelques réflexions
explicatives de ma conduite à l'Assemblée nationale.

   (1) Nous devons à l'obligeance de M. Gauthier , archiviste du départe-
ment du Rhône , cette lettre curieuse d'un des hommes les moins connus ou
les plus mal connus de la Révolution. Le provocateur du baiser de paix
commençait à perdre ses illusions, et l'amertume se laissait deviner dans ces
protestations de patriotisme avancé. L'auteur des Délices de la religion
voyait-il déjà se dresser l'échafaud qui se préparait pour lui ? on le présu-
merait en lisant ces regrets tardifs et ces vaines aspirations vers la solitude
et l'obscurité. Nous donnons cette pièce sans commentaires et en conser-
vant scrupuleusement l'orthographe de l'auteur, La pièce autographe signée,
est écrite sur un papier grossier grand in-4.                    A. V.