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              LETTRE INÉDITE D'ADRIEN L A M O U R E T T Ë .       31!

     J'ai rarement parlé à la tribune ; mais de grands et énergiques
  patriotes y ont souvent prononcé ce que j'avois conçu et écrit; j'ai
  pensé que des idées d'une certaine nature, articulées par eux,
  fixeroient plus l'attention et produiroient plus d'effet que si elles
  eussent été présentées par un homme de mon état. J'ai conti-
  nuellement travaillé avec les députés les plus avantageusement
  connus pour leurs talents et pour la chaleur de leur patriotisme ;
  eyees hommes sont assurément trop généreux et trop au-dessus
  des petites considérations de la médiocrité, pour ne pas attester
  la vérité de m'a coopération à leurs motions les plus républi-
  caines et les plus fortes, si j'invoquois leur témoignage. Enfin,
  tout le côté patriotique de la salle, que je n'ai jamais déserté
 une minute, a toujours trop bien remarqué combien je parta-
 geois, avec lui, l'aversion du côté feuillantin, pour me soupçon-
 ner la moindre disposition à en goûter le système ; je n'ai
 jamais eu de relations qu'avec les députés les plus notoirement
 dévoués à la cause du Peuple et avec les écrivains les plus célè-
 bres par leurs ouvrages révolutionnaires. Un jour de chaque
 semaine, j'ai donné, depuis le commencement de la législature,
 un diner civique où nous préparions les sujets à traiter à
 l'assemblée , et où il n'y avoit sûrement pas de feuillants.
 MM. Champagneux et (l'abbé Laussel, ce dernier nom rayé sur
 l'original) qui ont été plus d'une fois de la partie, ainsi
qu'Anacharsis Clootz, l'un de mes plus anciens amis de Paris,
peuvent dire quelle étoit la trempe des convives qui composoient
ces petites sociétés.
    J'ai parlé dernièrement à la tribune , pour appuyer une péti-
 tion tendante à accorder le titre de citoyen français aux illustres
étrangers qui ont écrit dans le sens de la Révolution. Tous les
patriotes de la salle et des tribunes sollicitoient pour moi la
parole, parce qu'elle m'étoit contestée par un autre orateur qui
vouloit la prendre ; et l'on m'a applaudi avant que je n'ouvrisse
la bouche ; tant on étoit sûr que je n'allois point parler contre les
intérêts du patriotisme. Ce que j'ai dit alors est transcrit sur le
numéro du Moniteur de dimanche dernier, 26 de ce mois ou du
samedi 25. Mon nom y est omis, parce qu'apparemment le