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HISTOIRE DES BOURGUIGNONS. M et ses terres ù son fils, il lui transmit sa noblesse qui alors ne consistait guère que dans de grands biens. Cela est si vrai, que le noble bourguignon ruiné retombait dans la foule. Sous le règne de Gondebaud, les hommes libres furent divisés en trois classes, et le législateur établit une différence dans l'évaluation à prix d'argent de leur vie. Cette distinction était d'abord toute personnelle; elle devint héréditaire avec la transmission des fiefs, mais elle cessait toutes les fois que l'homme descendait dans une classe inférieure. Gondebaud et son père Gondioc avaient accordé des béné- fices ou des domaines à certains guerriers; ces domaines étaient pris sur ceux que l'on avait assignés au prince pour soutenir sa dignité; ils furent révocables d'abord, ensuite à vie, et enfin transmissibles; de là naquirent les grandes propriétés, les grands fiefs héréditaires et les grands noms. Ce qui s'était fait en Bourgogne s'était aussi accompli chez les Francs et dans toute l'Europe, et il est vrai de dire que la féodalité se forma avec la conquête. Le langage de la population du royaume de Bourgogne était un latin corrompu par le mélange de la langue des Burgondes, qui tous ignoraient le latin lorsqu'ils envahirent le territoire et finirent par en faire un jargon harmonisé avec leur prononciation. Ce patois devait varier avec les villes et ne produisit aucune littérature, pas même des chansons popu- laires. Car tous les écrivains, tous les poètes composaient en latin qui était compris par la population indigène ; ils dédai- gnaient un idiome qui n'aurait pas fait comprendre leurs écrits d'une ville à l'autre (1). (.1) Sisraondi, Littérature du midi de l'Europe,