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UNE RECTIFICATION A L'ARTICLE LYON EN 1859. L'article publié sous ce titre d e : Lyon en 1859, dans la Revue de janvier et février, ne présente certainement aucun sujet de controverse. Un mot seulement m'a frappé à la page 151 . « La grosse cloche, dit l'auteur, appelée vulgairement le bourdon, pèse 10,000 k., etc. » C'est à ce mot de bourdon que je veux m'en prendre; déjà , en 1857, j'avais prolesté contre sonintroduc- tion qui, au défaut de la nouveauté, joint celui de jeter le trouble dans la langue liturgique et musicale. La grosse cloche de Saint-Jean s'appelle, vulgairement, la grosse cloche, en réalité elle s'appelle Anne, parce que, refondue en 1622, elle eut pour marraine Anne d'Autriche. Ajoutons qu'elle pèse 36 milliers (1), ce qui, malgré mon peu d'habitude du calcul décimal, me paraît faire plus que 10,000 kilog. La grosse cloche qui l'avait précédée, bien quelle eût pour marraine -Anne, femme de Louis XII, s'appelait Marie . « Comme elle se trouvait fendue et discordante, Pierre Recoudon, la r e - fondit du même métal (2). » La grosse cloche est donc un nom consacré par l'usage, et nous savons tous ce que c'est. Le bourdon ! quel est cet insecte ? Cette dérogation à nos usages, introduite depuis quelque temps par les affiches mêmes de la primatiale, est due probablement à l'idée fausse que pour bien faire il faut copier tout ce qui se fait à Paris; après conséquence, le Parc de la Tète-d'Or doit s'appeler le Bois de Boulogne, et la grosse cloche, Bourdon; dans le pre- mier cas on commet une bévue géographique, dans le second on a le tort d'assimiler notre illustre église à des églises inférieures en hiérarchie, et la sonnerie de Saint-Jean, au caractère si ecclé- siastique, si curieuse par sa variété, bien en rapport avec le chant liturgique par sa tonalité et son rhythme, avec les sonneries monotones et insignifiantes delà capitale. En outre ce terme de bourdon est, je crois, peu français, appli- qué de la sorte. En ouvrant l'Encyclopédie à ce mot, je trouve bien « bourdon, insecte du genre des abeilles, bourdon, terme d'imprimerie, et bourdon, qui est un des jeux d'orgue, mais nullement bourdon pour cloche • à l'article cloche, il n'en est pas question non plus. Dans le Dictionnaire de l'Académie, édition de 1765, époque où l'on parlait mieux français qu'à présent, je trouve encore « bourdon, bâton de pèlerin , bourdon en musique , le ton qui sert de basse continue dans la musette, la cornemuse, et la vielle, et faux-bourdon, contre-point qui se fait note pour note.» D'où je conclus que le mot de bourdon est une désignation locale, spéciale à Paris, à Sens et peut être ailleurs, mais nulle- ment à Lyon. L. MOREL DE VOLEUSE. (1 ) Poids de Lyon qui est de treize onces et demie à la livre. (2) Lyon ancien et moderne, article de Leymarie.