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                         ET DE L'INDUSTRIE.                          227

et accroissait encore leur influence déjà si grande. Profitant
des trêves, des suspensions d'armes, des immunite's d'impôts
qui les accompagnaient, il en avait fait des marchés périodi-
ques , de véritables foires. Pendant toute leur durée, on
voyait des boutiques s'élever aux alentours des temples; les
marchandises s'étalaient dans les jardins, sur les places, non
loin des autels, mêlées aux statues que l'admiration ou la
piété avaient érigées en l'honneur des dieux et des athlètes(l)
   Ainsi, la poésie et l'industrie, les arts et le commerce,
faisaient de concert leur œuvre : le commerce en rappro-
chant les éléments épars de la sociabilité et en leur donnant
de la cohésion ; l'industrie en rendant le développement de
cette sociabilité plus facile au sein de la richesse et du
bien-être; la poésie en y ajoutant le poli, le charme, la
délicatesse, la fleur exquise.
   Le plus beau monument de cette communauté d'action,
ce fut peut-être cet autel de la Pitié qu'on voyait encore à
Athènes, au temps de Pausanias. Je me persuade qu'il ne fut
pas l'ouvrage exclusif d'un sentiment religieux. Le com-
merce qui, par ses nécessités propres, avait tant contribué
h améliorer le régime de l'esclavage à Athènes, le commerce
y mit certainement la main. Le dirai-je? quand je recons-
truis cet autel par la pensée, je m'imagine lire pour ins-
cription sur une de ses faces, ce vers d'Homère :
        « Les étrangers et les pauvres nous viennent de Jupiter. »

   Puis, involontairement j'évoque auprès de cet autel la
statue du Génie des travaux utiles que les Athéniens avaient
placée dans l'Acropole, et il me semble entendre sortir de
sa bouche, ce chœur de Yjtntigone de Sophocle :
   « Entre toutes les merveilles, il n'est rien de plus mer-
« veilleux que l'homme. Il traverse la mer au milieu des

  (1) Pausanias, l'Élide. — Polybc, 1. v, chap. 8.