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228     DES AFFINITÉS DE LA POÉSIE ET DE L'INDUSTRIE.

«  orages, et se joue de la colère des flots. Il sillonne sans
«  relâche le sein inépuisable de la terre, mère immortelle
«  de tous les dieux. Chaque année il l'entr'ouvre avec la
«  charrue trainée par des chevaux vigoureux. »
   « L'homme par son industrie attire dans ses pièges l'oi-
« seau léger et la bête farouche, et enveloppe dans ses filets
x les habitants des eaux ; il dompte par son adresse les
 <
« monstres des bois, il soumet au joug le coursier a la cri-
« nière flottante et le taureau sauvage. »
   « Il s'est approprié la parole aérienne et les lois qui règlent
« l'ordre des Etals; il a appris à se préserver des frimats
« et des intempéries de l'air; son génie inventif se précau-
st tionne même contre l'avenir; les plus cruelles maladies
« cèdent a son art ; contre la mort seule il n'a pas d'asile. »
   « Habile et industrieux au delà de toute croyance, il se
« livre tantôt au bien tantôt au mal; lorsqu'il associe M ses
« travaux les lois de la terre et de la justice divine, il fait la
« gloire des cités; mais il devient indigne d'une patrie,
« quand l'audace l'entraîne au crime. »
   Finissons sur cette citation; Sophocle a conclu pour nous.
En célébrant la grandeur de l'homme, il nous montre assez
que son action sur le monde, ses œuvres, peuvent être le
sujet des chants du poète; et en même temps lorsqu'il mêle à
son hymne quelques unes de ces graves sentences si goûtées
des anciens, il témoigne que la poésie ne doit pas être son
but a elle-même, ni une vaine délectation de l'esprit, mais
une excitation a une moralité supérieure; que son objet
direct est l'emploi de la vie ; et qu'ainsi, dans sa destination
et dans ses fins pratiques, elle ne diffère pas delà sagesse,
de même qu'elle n'en diffère pas dans son essence.
                                           J.   TISSEUR.