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                      KT I>E L'iNDUSiniE.                   209

leurs cannelles , et, par Damas et Palmyre , pénétraieot au
cœur de l'Asie, étendant ainsi leur empire commercial sur
toutes les parties du monde connu, Athènes avait plus par-
ticulièrement circonscrit le sien entre les côtes de la Grèce
et les rivages de l'Asie-Mineure, du Bosphore à la presqu'île
de l'Italie méridionale ; mais dans ce champ limité où elle
concentre ses efforts, quelle animation, quelle ardeur ! quel
prodigieux mouvement elle se donne! Peu a peu elle en
évincera les Phéniciens eux-mêmes, et les forcera à tourner
leurs vues du côté de l'Espagne et de l'Afrique. Car cette
mer lui appartient véritablement ; elle est toute sa puissance,
tout son génie.
    Transparente et bleue comme le ciel qu'elle réfléchit ,
sans flux ni reflux, exempte de ces brumes qui attristent
l'Océan, offrant avec l'aspect d'un grand lac, l'image de
'immensité limitée, contenue dans des rives découpées en
anses, en havres, en golfes, elle est bien la patrie des
 Sirènes et des Néréides , le berceau d'où la Grèce a vu
 surgir les plus enivrantes visions de la beauté. Vénus est
 née de son écume, et, sur cette onde maternelle, elle a
 agité avec complaisance cette ceinture merveilleuse qui
 renfermait tous les désirs, tous les enchantements, toutes
 les séductions. Mais cette mer, rayonnante de grâce, est en
 même temps le domaine des agiles trirèmes. De son sein
 qui fermente au battement des rames émerge une infinité
 d'îles écloses, comme à dessein, pour attirer les matelots,
 fixer l'essaim errant des colonies et vivifier ses rivages.
    Une telle mer, placée ainsi, entre deux mondes, qu'elle
 unit et qu'elle sépare, a-t-elle plus influé sur l'imagination
 des Grecs que sur leurs tendances mercantiles, a-t-elle plus
 invité a la poésie que conseillé le travail ? Qui peut le dire ?
 Religion, croyances, épopée guerrière et domestique, triom-
 phe de l'esprit nouveau sur l'esprit ancien, légendes de
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