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94              CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉPOPÉE.

de vous montrer en peu de mots que les plus grandes épo-
pées qui aient paru doivent leur charme le plus puissant et
leur intérêt le plus vif a cette reproduction expressive et
saisissante des hommes, des lieux et des choses. Et d'abord,
Messieurs, si d'après une définition souvent donnée et qui me
semble d'autant plus juste qu'elle est plus large, une épopée
est une sorte d'encyclopédie poétique d'une grande époque
de l'humanité, ne peut-on pas alors considérer la Bible,
ce monument historique incomparable, comme étant en
même temps l'épopée la plus étendue, la plus complète
et la plus sublime qui fut jamais ? La Bible, en effet, ren-
ferme dans sa vaste et complexe unité, toute la vie de
la nation juive, toutes ses croyances, tous ses arts, toutes
ses sciences. C'est un immense tableau vivant et animé,
tracé par un pinceau divin, et où l'histoire nous apparaît
dans sa grandeur la plus majestueuse et la plus vraie tout
à la fois. L'acteur principal qui se montre partout dans ce
drame multiple, et où tout converge néanmoins vers un
même but, c'est Dieu lui-même, non plus un Dieu façonné
a l'image de l'homme, comme étaient tous ces dieux du
monde païen, mais un Dieu éternel, immuable, infini, en un
mot, le Dieu vrai qui a tout créé et d'où tout dépend. Le
merveilleux ne manque donc pas à ce poème, le merveilleux
dont l'imagination de tous les peuples aime à se nourrir, et
qui, en Orient principalement, semble comme une fleur na-
tive du sol. Mais ici, par une alliance singulière, c'est un
merveilleux vrai et d'autant plus frappant par cela même ;
 ce sont des prodiges réellement accomplis, dont un peuple
 tout entier a été témoin, qui servent de base inébranlable a
 ses croyances et qui font partie de son histoire et de sa foi.
 Au-dessous et autour de ce grand acteur qui est Jéhovah,
 les hommes se meuvent et s'agitent, comme les instruments
 subordonnés, quoique libres, de ses desseins.