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LE PÈRE nE LA G1IAIZE. 505 le contre, vous qui, en toute occasion , avez étalé vis-à -vis du re- présentant de Dieu sur la terre , vis-à -vis de l'Eglise Universelle , l'affligeant spectacle de vos subtilités sur la question de droit et la question de fait, de vos subterfuges et de vos restrictions mentales, lors de la signature du formulaire ; de votre morale double, lorsque vous faisiez le même accueil aux chastes vierges de Port-Royal et aux galantes héroïnes de la Fronde, à peine re- pentantes ; aux sœurs d'Arnauld et à Mmes de Longueville et de Sablé ; vous dont la politique s'accommodait aussi bien du cardinal de Retz que des Pascal et des Singlin? Vous enfin , qui, par un raffinement d'hypocrisie inconnu jusque là parmi les sectes héré- tiques , protestiez sans cesse de votre inaltérable respect pour le Pape, lorsque tous vos docteurs et tous vos partisans détruisaient sourdement l'autorité du Pape, en contestant l'infaillibilité de ses décisions: vous qui, hors de l'Eglise, vous prétendiez, malgré elle, enfants de l'Église ? Qu'eût répondu Pascal lui-même, s'il se fût présenté un autre Pascal pour défendre les Jésuites (1)? Ces hommes qui avaient la vérité pour eux, qui avaient fait pré- valoir la consolante doctrine du libre-arbitre, qui avaient assuré les droits imprescriptibles de la conscience, combattu cette fu- neste et monstrueuse hérésie du sacrifice de la croix, restreint à un petit nombre d'élus ; ces hommes qui, en repoussant le fata- lisme de la secte jansénienne, avaient rendu l'espoir et la liberté morale à tous , immense service que l'histoire et la civilisation ne sauraient oublier, ces hommes furent victimes de quelques traits d'esprit et de quelques pages éloquentes. Quel sera donc le dernier mot de la postérité sur les Provin- ciales? Peut-être ce mot de Chateaubriand : « Pascal n'est qu'un calomniateur de génie, il nous a laissé un mensonge immortel. » Plus d'un lecteur supposera peut-être que nous avons exagéré le mal causé par ce livre ; que nous avons, comme à plaisir, as- (!) M. l'abbé Maynard a, le premier, exprimé celle idée dans ses remar- quables études sur Pascal.