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504- LE PÈRE DE LA CIIAIZE. « Arnauld et les jansénistes, dit M. l'abbé Maynard, four- voyèrent le génie franc, candide et sincère de Pascal; » ils « remplirent de fiel cette âme aimante. On lui persuada que les Jésuites étaient les ennemis implacables de ses amis, et il se crut obligé de prendre part à la lutte. Plongé jusqu'alors dans des études abstraites, ayant peu étudié les passions autrement qu'en théorie, connaissant l'homme mais non les hommes, il ne comprit rien au jeu horrible qu'on lui faisait jouer (1). On l'enivra de louanges ; on l'aveugla au point qu'il s'imaginait accomplir une bonne action, et qu'il mourut, non avec le repentir d'avoir fait les Provinciales, mais avec le regret de ne les avoir pas faites plus fortes. » Les Jésuites, surpris par ces violentes attaques, se bornèrent h garder la défensive, et à discuter une à une les accusations du terrible secrétaire de Port-Royal. Ce fut peine per.luc; quel- que solides et évidentes que fussent les réponses de plusieurs de leurs Pères, on ne les lut pas. Pascal avait fait r i r e , et il eut pour lui les rieurs ; il avait tonné avec éloquence, et on l'avait cru sur parole. J^a cause était entendue. Que serait-il arrivé pourtant si, parmi les Jésuites, se fût trouvé un homme aussi éloquent, aussi spirituel que Louis de Montalte , et qu'armé de plus de son bon droit et de la vérité, il eût tenu ù peu près ce langage aux Jansénistes : Vous nous accusez de morale corrompue, hommes aveugles, vous qui, en supprimant le libre-arbitre, renversez le fondement même de toute morale ; vous qui niez que l'esprit humain puisse faire un libre choix entre le bien et le mal, et qui détruisez ainsi jusqu'à la raison d'être de la conscience ; vous qui faites tour à tour de l'âme une esclave de la concupiscence et de la grâce; qui réduisez le sa- crifice sans bornes du calvaire aux minces proportions de votre cœur égoïste ; vous qui, à la loi d'amour qui sauva le genre hu- main , avez substitué la crainte, le désespoir et le fatalisme ? De quel droit accusez-vous nos casuistes de prêcher le pour et J) Pascal , m vie c< son r.nrncVrrr , c l c . par M. l'abbé Mavuarcl, l. I, p. 4H4