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THÉODORE OLIVIER. 409 trait avec des sentiments trop vifs pour rester un fait indiffé- rent. Aussi les amis d'Olivier remarquaient-ils qu'il aidait à la nature par le soin qu'il prenait dans l'arrangement et la direction sur son vaste front de la mèche de cheveux qui complétait l'illusion. Nous ne voudrions pas répondre que par ce détail intime, assez naturel, ne s'expliquât la réserve, presque la froideur injuste, qu'à une époque antérieure ren- contrait dans les hautes régions le savant dont on recon- naissait bien le mérite, mais en qui on affectait de voir un esprit d'hostilité, qui eût certainement répugné à la loyauté de son caractère. Ce qu'on ne saurait nier, c'est qu'Olivier ne fut jamais courtisan, et qu'il avait, comme une sorte d'héritage de famille, une franchise de langage que pouvait seule tempérer son habitude du monde. Puisqu'une particularité physique est venue se mêler à noire récit, permettons-nous de la compléter par quelques détails de personnalité ou d'intérieur qui ne sont point dépourvus d'intérêt. D'une stature élevée et forte, d'une démarche assurée, de traits réguliers et animés, à l'occasion, par des yeux d'où jaillissait l'intelligence, mais que la médi- tation voilait plus habituellement, Olivier était d'un extérieur remarquable. Il avait le verbe haut, la parole souvent un peu sentencieuse ; son organe plein et sonore, dont nous avons déjà dit un mot, était doux et moelleux, soit dans les expositions scientifiques, soit dans la conversation, surtout avec les dames quand il discutait avec elles sur les modes dont les ridicules le trouvaient impitoyable ; mais parfois aussi succédaient à cette douceur les intonations vibrantes familières à ceux qui ont eu l'habitude du commandement militaire, habitude qui reparaît toujours un peu. Il y avait d'ailleurs, dans le timbre harmonieux de cette voix, quelque chose de particulier qui faisait que lorsqu'on l'avait entendue, on ne l'oubliait plus : après une séparation de plus de quinze