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410 THÉODOUE OLIVIER. années, un ancien ami d'Olivier le reconnaissait de loin rien qu'en s'entendanl appeler par lui. Bien que fort honorable à l'occasion et notamment quand il réunissait à sa table les plus hautes notabilités scientifiques ou administratives, avec lesquelles sa fierté naturelle n'eût pas voulu, malgré les différences de positions, être en reste de bons procédés, Olivier avait l'intérieur le plus modeste, le mieux réglé, et cela lui était facile par la simplicité de ses goûts, de ses habitudes qui révélaient d'ailleurs une sorte de prédilection pour tout ce qui pouvait lui rappeler sa ville na- tale, dont il se préoccupait toujours, même quand il enri- chissait sa bibliothèque de précieux documents historiques dont il ne comptait pas jouir en égoïste. Ce culte du souvenir du sol natal se partageait en lui avec l'amour du pays, et son patriotisme ardent le rendait heureux de ce qui pouvait ajouter à la gloire de la France; il avait foi dans ses desti- nées, et 18fc8 même ne vint pas le décourager, alors que le découragement se glissait dans bien des cœurs. « L'esprit d'intrigue, écrivail-il à un de ses vieux cama- rades de celte École de Saint-Pierre où il avait acquis tant d'habileté dans le dessin, « l'esprit d'inlrigue a porté ses « fruits ; ils sont amers et veuille la Providence que la « sagesse revienne à temps. Le malheur de> notre époque « est que chacun se croit un homme d'État et que cha- « cun veut sortir de sa sphère. Plus que jamais mainte- « nant on sentira le besoin de vivre de son travail et l'on « songera moins à se faire fonctionnaire. J'ignore ce que « l'avenir nous prépare, mais je reste calme, parce qu'une « pensée me rassure, c'est qu'une nation de trente-deux « millions d'habitants, surtout quand cette nation s'appelle « la France, ne se laisse pas périr si facilement. » Si, dans le bonheur intime qui promettait tant de charme aux jours de son arrière saison, Olivier ne put compter les