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EN PBOVINCE. 391 — Qu'est-ce donc ? qu'y a-t-il de nouveau ? s'écrièrent le baryton et le ténor. — Silence ! mesdames, fit le comédien loustic. — Mais nous n'avons pas parlé, dit la duègne. — C'est impossible ! reprit l'autre. En ce moment chacun se pressa autour du nouvel arrivé, cl celui-ci, développant avec solennité le numéro d'un des journaux de la ville, qui venait de paraître : — Voilà , dit-il, voilà le nouveau, voilà l'intéressant !... Notre dugazon vengée des sifflets de la soirée d'hier... Les vents ren- trés dans les cavernes d'Eole. (7! chante) Car toujours après l'orage Ou voit venir le beau temps. — Ah ! tant mieux pour cette chère petite, reprit en pinçant les lèvres la grande coquette, qui n'aurait pas été fâchée de voir partir la dugazon, dont elle jalousait fort les beaux yeux et la fine taille. — Mais qui donc l'a vengée, reprit un autre artiste ? — Deus nobis hœc otia fecit ! un dieu nous a fait ce plaisir, continua le comique sur le même ton solennel. — Bah! vraiment? s'écria l'ingénue, et quel dieu, s'il vous plaît, mon ami ? — Le plus blond des dieux de l'Olympe, mademoiselle, le dieu des vers, Apollon, comme on s'exprimait autrefois, avant la nais- sance de M. Victor Hugo. — Ah ! ça, mon cher Scapin, reprirent les camarades, vou- drais-tu bien nous parler comme on parle h de simples mortels et nous faire connaître enfin ta nouvelle ? — J'y consens. Il s'agit d'une fable. Ce sont des vers où le poète, à la faveur d'une gracieuse allégorie ornithologique, s'appli- que à venger notre dugazon des désagréments de la soirée des clés forées. Le poète métamorphose le maître de la cabale, le chef d'orchestre des sifflets en un roussin d'Arcadic et la dugazon en une charmante fauvette... C'est délicat, tendre et roucou- lant... Vous allez en juger. Il ouvre le journal et lit :