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ÉP1TAPHE. 20!) religion et il y a lieu de croire que, sauvée par son obscurité de la censure, elle n'aura pas été comprise dans le sens qu'elle a, mais bien dans celui qu'elle devait avoir. François, dauphin de Viennois, duc de Bretagne, fils aîné du roi François 1 er , jeune prince de la plus haute espérance, était accouru, l'an 1536, à la suite de son père, pour résister à l'invasion dont Charles-Quint menaçait la Provence. Arrivé à Lyon, durant les ardeurs de la canicule, il se livra sans mé- nagement, dans le jeu de paume du Plat, du côté d'Ainay, k un exercice qui était alors le principal amusement des per- sonnes de son âge. Altéré par la fatigue et par la chaleur, il demanda de l'eau fraîche, que son échanson, le comte de Montecuculî, gentilhomme de Ferrare, s'empressa de lui verser « dans un vase de terre rouge » qui, d'après le récit de Brantôme, devait être ce que les Espagnols appellent un alcarraza (1). François but avec avidité l'eau qui lui était offerte et se sentit incommodé dès le jour même. Il ne laissa pas de partir et d'accompagner son père, qui se rendait par le Rhône dans le midi. Le Roi, le dauphin et ses deux frères couchèrent à Vienne, le jeudi 3 août et en repartirent le lendemain pour Valence, mais contraint par la violence de la maladie de s'arrêter au château de Tournon, François y mourut peu de jours après, le 10 août 1536, à l'âge de dix- neuf ans. La douleur fut générale en France et même à l'étranger. Elle rendit injuste, et personne ne voulut envisager comme un événement naturel celte mort inopinée. On l'attribua à un empoisonnement et sur quelques indices que l'on crut re- (1) OEuvres complètes du seigneur de Brantôme; Paris, 182», 8 vol. in-8, t. II, p. 259. — Alcarraza, sorte de vase fort en usage dans les pays chauds, qui a la propriété de refroidir les liquides, par la vaporisation qui s'opère à travers la terre très-poreuse, dont, il est fabriqué. M