Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                     DES CLASSES BICHES.                       97
où l'enfant apprend à lire, jusqu'à l'enseignement le plus
élevé de la Sorbonne et du Collège de France, on ne voit
que des leçons se reproduisant à des heures toujours les
mêmes, et portant sur des sujets réglés d'avance et enchaînés
les uns aux autres. L'ensemble des travaux que nécessite
l'administration de la justice offre la même régularité; et on
chercherait en vain une armée dont les éléments ne seraient
pas réunis par les liens de la discipline et de l'obéissance ;
un culte dont les pratiques et les prédications ne revien-
draient qu'en des temps et sur des questions subordonnés au
caprice de ses ministres.
   La culture de la terre n'est pas réglée, il est vrai, par
des ordonnances que les hommes aient faites et qu'ils puis-
sent modifier à leur gré ; mais elle est fixée par l'ordre des
saisons et par les lois qui président à la végétation. Si
le labeur n'est pas commencé avec le jour, la nuit vient
promptement l'interrompre ; si un jeune arbre est trans-
planté quand la sève circule dans ses canaux, il ne tarde
pas à périr ; si la moisson est trop tardive, le blé se déta-
che de l'épi et se répand en vain sur une terre qui n'était
pas préparée à le recevoir. Chaque opération doit donc être
faite en son temps et a son heure ; et l'ordre qui doit présider
à la succession des travaux des champs est inscrit en quelque
sorte dans le ciel et sur la terre.
   Le travail agricole, le plus nécessaire et le plus ancien de
tous, trouve donc dans la nature même, comme d'autres tra-
vaux dans des règlements sages, l'unité, la suite et la règle,
sans lesquels l'effort n'est qu'une agitation sans portée et
sans fruits.
   L'exercice d'une profession est le mode le plus naturel et
le plus souvent éprouvé de réaliser les conditions fondamen-
tales du travail. Dans tous les emplois, on trouve, il est
vrai, des obstacles et des dégoûts propres à décourager
ceux qui ne sont pas forcés de les remplir. Et cependant,
si ces obstacles secondaires suffisent pour éloigner d'une
carrière professionnelle, ne s'expose-t-on pas a l'impuis-
sance de servir la société ?
   Les professions, qu'elles soient ou non hiérarchisées,
groupent les efforts individuels ; elles effacent cette faiblesse
de l'homme qui dans l'isolement ne peut rien faire de suf-
fisamment utile , soit parce que chef, il n'a pas de soldats,
soit parce que soldat, il n'a point de compagnons et point de
chef.
                                                        7