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                      LE PÈUE DE I.A. CHAINE.                       7i
  venais de lui retracer,.que c'était de cette douce et paisible posi-
  tion qu'il fallait parler pour raisonner utilement sur une affaire,
  ou plutôt pour être convaincu qu'il n'était pas besoin d'en raison-
  ner, ni de balancer s'il fallait faire ou non, dans un temps de paix
  où nulle puissance ne demandait rien là-dessus, ce que le feu roi
  avait eu la force de rejeter avec indignation, quoi qu'il en pût
  arriver, quand épuisé de blés, d'argent, de ressources et presque
  de troupes, ses frontières conquises et ouvertes, et à la veille des
  plus calamiteuses extrémités , ses nombreux ennemis, voulurent
  exiger le retour des Huguenots en France, comme l'une des con-
  ditions sans lesquelles ils ne voulaient point mettre de bornes à
 leurs conquêtes ni à leurs prétentions, pour finir une guerre que
 ce monarque n'avait plus aucun moyen de soutenir.
   . Je fis après sentir au Régent un autre danger de ce rap-
 pel. C'est qu'après la triste et cruelle expérience que les Hu-
 guenots avaient faite de l'abattement de leur puissance par
 Louis XIII, de la révocation de l'Edit de Nantes par le feu
 roi, et des rigoureux traitements qui l'avaient suivie et qui
 duraient encore, il ne fallait pas s'attendre qu'ils s'exposassent
 à revenir en France sans de fortes et d'assurées précautions, qui
 ne pouvaient être que les mêmes sous lesquelles ils avaient fait
 gémir cinq de nos rois, et plus grandes encore, puisque ces pré-
 cautions n'avaient pu empêcher le cinquième de les assujétir en
 fin, et de les livrer pieds et poings liés à la volonté de son suc-
 cesseur, qui les avait confisqués, chassés, expatriés. Je finis par
 supplier le Régent de peser l'avantage qu'il se représentait de
ce retour, avec les désavantages et les dangers infinis dont il
était impossible qu'il ne fût pas accompagné ; que ces hommes ,
ce commerce, cet argent, dont il croyait augmenter le royaume,
seraient, hommes, argent, commerce, ennemis et contre le
royaume ; et que la complaisance et le gré qu'en sentiraient les
puissances maritimes et les autres protestants, serait uniquement
de la faute incomparable et irréparable qui les rendrait pour tou-
jours arbitres et maîtres du sort et de la conduite de la France ,
au dedans et au dehors. Je conclus que, puisque le feu roi avait
fait la faute beaucoup plus dans la manière de l'exécution que dans