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70                    LE PÈRE DE LA CHMZE.
   Le principe de l'unité était de nouveau consacré par la loi. Il
 ne fallut rien moins que l'esprit du protestantisme combiné avec
l'esprit révolutionnaire, pour briser cette unité, un siècle plus
tard, et pour consommer le long divorce de l'Eglise et de l'État.
   Après la mort de Louis XIV, le régent agita dans le Conseil la
 question du rappel des protestants. Et, spectacle qui peut sem-
 bler étrange de prime abord! un homme qui, loin des affaires,
n'avait trouvé sous sa plume que les expressions du blâme le plus
 énergique pour juger le coup d'état de Louis XIV, ce même
homme, mieux éclairé plus tard sur la situation en présence des
obstacles et des dangers, s'éleva avec force au sein du conseil de
régence contre la proposition du rappel. Cet homme était Saint-
Simon. Il peignit en traits de flammes et de la manière la plus
saisissante, l'extrême péril où se trouverait l'État si l'on adoptait
 cette mesure. (1).
   « Je lui fis sentir, dit Saint-Simon, en parlant du Régent, ce
que c'était, dans les temps les moins tumultueux et les plus sup-
portables, que des sujets qui en changeant de religion, se donnaient
le droit de ne l'être qu'en partie, d'avoir des places de sûreté,
des garnisons, des troupes, des subsides ; un gouvernement
particulier, organisé, républicain,; des privilèges, des cours de
justice érigées exprès pour leurs affaires même avec les catho-
liques; une société de laquelle tous les membres dépendaient;
des chefs élus par eux, des correspondances étrangères, des dé-
putés à la cour sous la protection du droit des gens ; en un mot,
un Etat dans un État et qui ne dépendaient du souverain que pour
la forme, et autant ou si peu que leur semblait, 'toujours en
plaintes et prêts à prendre les armes , et les reprenant toujours
très-dangereusement pour l'Etat. »

  Je priai le Régent de réfléchir qu'il jouissait maintenant du bé-
néfice d'un si grand repos domestique, (assuré par Louis XIII et
par Louis XIV) que c'était à lui de le comparer à tout ce que je

  (t) Mémoires de Saint-Simon, t. 14, de l'Edition Sautelet. Chap. II, p.
153 et suiv.