page suivante »
DES CLASSES RICHES. 1ÛS apparemment, n'avait pas besoin d'eux, puisqu'elle vit et s'avance sans eux. Les fortunes individuelles tombent par le démérite de ceux qui les possèdent, mais la fortune générale s'accroît. Après tout, qu'y a-t-il de plus juste que les rémunérations sociales aillent à ceux qui concourent au bien social? Il faut plaindre les paresseux et leur donner des conseils charitables, parce qu'ils se font tort a eux-mêmes. Soit. Mais quoi que prétende l'optimiste, j'ajoute : parce que les paresseux font tort h la société. Si la société se maintient et même ne s'arrête pas sur la route du progrès, malgré tant de refus de concours, que serait-ce si toutes ces intel- ligences et toutes ces activités, au lieu de rester sans culture et inertes, se développaient en se liant a la destinée sociale? Elles lui nuisent par cela seul qu'elles ne la servent pas. Nous sommes tellement pénétrés par ce tout dans lequel nous vivons, que nous ne saurions nous en abstraire. Ne lui faisant pas du bien, nous lui faisons du mal. Tout ce qui se diminue se dégrade et s'atrophie dans les membres, altère la vie centrale, et nous n'avons rien de si privé qu'en le perdant nous ne portions dommage à l'ensemble. M. Rigault nous a peint, dans la jeunesse dorée des capi- tales, la belle portion des oisifs et des inutiles ; car enfin, de nos jours comme au temps des petits marquis de Molière, on s'y pique d'élégance et de distinction ; on y cause de beaux-arts et de littérature autant que de chevaux ; on s'y érige en arbitres du goût, mauvais goût, peut-être, qui a ôté la grandeur a nos arts et le sérieux a notre littérature ; mais reste l'esprit, et c'est quelque chose. Sortez de ce cercle des élégants spirituels, polis, à demi-lettrés. Venez dans nos petites villes, et contemplez les paresseux qui y pullulent. Éducations manquées, ignorance crasse, absence d'idées, vie toute matérielle, la chasse, la table, l'estaminet,