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106 QUESTION SUR L'OISIVETÉ le jeu, l'ivrognerie précoce et les grossières amours, rien de ce qui rend l'inutilité aimable et l'oisiveté excusable, voilà le tableau des fils de notre bourgeoisie, si, dès la sortie du collège, ils n'ont pas fui ces eaux croupissantes où bientôt ils auraient contracté des habitudes léthifères. Pourtant il y avait dans ces jeunes gens une vie qui pouvait se développer. Quelle pitié que l'avortement de tant de fleurs desséchées avant d'avoir porté le moindre fruit, et combien doit être applaudie cette voix grave et sévère qui leur crie : Travaillez pour Dieu, travaillez pour la société, travaillez pour vous-mêmes ; car si vous laissez périr sans culture ces germes que le créateur a mis en vous, non seulement vous vivrez d'une vie méprisable et misérable, mais encore il vous sera demandé un compte rigoureux de ce que vous n'avez pas fait après que vous avez reçu les moyens de le faire. Et tant de morts intellectuelles et morales sont d'autant plus h regretter que le mal n'est, en quelque sorte, qu'acci- dentel, et vient du milieu, très-susceptible de réforme, où vit notre jeunesse. Ne l'accusons pas ; elle est comme un homme qui est contraint de s'éteindre dans un air vicié ; mais efforçons-nous de la placer au sein d'éléments plus purs, et surtout plus excitants. M. Rigault n'admet pas cette parole de Job : L'homme est fait pour travailler comme l'oiseau pour voler. Sans doute, tout ce que l'homme fait pour s'améliorer lui-même et pour façonner ce qui l'entoure nécessite un effort vers le bien, et, en ce sens, le travail est un acte de vertu. Voila pourquoi l'hygiène morale doit être propre a nous portera l'acte. Il y a tant de causes qui nous y sollicitent, a partir de l'intérêt personnel, qui est le mobile le plus bas, jusqu'au pur sentiment du devoir, qui est le plus noble, que la paresse doit être le vice d'un très-petit nombre, partout où elle n'est pas provoquée ou maintenue par les