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500 DISCOURS DE M. BOUILLIER. écrit mal et ne devrions-nous pas renvoyer celui qui écrit et prononce plus mal encore? Ces fautes contre la langue et la prononciation nous paraissent surtout choquantes dans la bouche des élèves d'un lycée. Où donc enseignera-t- on et où apprendra-t-on a bien parler français sinon dans les établissements de l'Etat? Au milieu des locutions vicieuses et de l'accent plus ou moins mauvais de telle ou telle pro- vince, le Lycée doit être comme une sorte d'oasis de bonne prononciation et de bon langage , et tous les maîtres, depuis le premier jusqu'au dernier, doivent en donner sans cesse le précepte et l'exemple. Que le travail excessif, les veilles , les tours de force dé- sespérés et trop souvent inutiles, de certains candidats, a la veille des examens , ne soient pas une leçon perdue pour ceux qui les suivent. Je le leur dirai encore : songez de bonne heure au baccalauréat ou plutôt, faites mieux, n'y son- gez pas ; n'y songez pas, mais songez h étudier chaque chose en son temps et en son lieu, faites de bonnes études et un jour, sans vous en douter, vous vous réveillerez ba- cheliers et bacheliers avec des boules blanches. A ce conseil j'en ajoute un autre que j'adresse aux pa- rents non moins qu'aux jeunes gens. Sans doute , dans les études , on ne doit pas faire abstraction de l'utilité ; mais , prenez-y garde, il y a deux sortes d'utilité, l'une universelle, absolue, qui est le perfectionnement de la raison ; l'autre spéciale, secondaire, qui n'a que des usages bornés, qui varie suivant les temps, les modes, les individus. Il faut tra- vailler à concilier l'une avec l'autre ; mais sacrifier la première a la seconde, c'est folie. Le perfectionnement de la raison, voilà ce qui supplée a tout, et ce à quoi rien ne supplée ; voilk ce qui importe également a tous; voila ce qui jamais ni ne s'oublie ni ne se perd, quand tout le reste échappe et souvent sans retour, l'esprit n'ayant pas de voie pour