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482                          LETTRE
 ception à laquelle vous n'avez pas assez pris garde ; et ce qui
prouve surtout qu'une même pensée prédomine dans le plan gé-
néral de ce vaste ensemble malgré les nuances de style qui se
révèlent dans le cours de la construction, c'est la similitude de
détails que l'on remarque sur les piliers à demi-engagés des nefs
latérales et ceux de l'abside et des transepts. On peut, en effet,
considérer ces piliers comme des jalons que l'architecte avait eu
la prévoyance de disposer pour marquer en quelque sorte le pé-
rimètre de son œuvre.
   Dès lors il n'est plus douteux que les travaux repris, à par-
tir des arcades romanes du triforium de l'abside, aient été
poussés sous la même direction jusqu'à la sixième travée de
la grande nef.
   Il a donc fallu que l'architecte obéît à des considérations
bien majeures, puisque lorsqu'il le pouvait il n'a pas donné aux
dernières fenêtres du sanctuaire une élévation suffisante pour
raccorder, sans différence de niveau , cette première partie de
l'édifice avec la grande nef, dont il pouvait apprécier déjà les
proportions excessivement développées.
   Le plan primitif même de l'abside, dépourvu sur le rond
point de ces arcs-boutants à grande portée que l'on remarque
autour de la plupart de nos célèbres cathédrales du Nord, in-
diquait assez le peu d'élévation qu'on devait lui donner.
   Aussi dès ce moment voit-on poindre une idée préconçue, une
pensée arrêtée , pensée dominante alors dans les constructions
du moyen âge, celle du mysticisme ; notre abside devait avoir
son arc triomphal.
   On désigne ainsi dans beaucoup de nos églises appartenant
à la période transitionnelle, où l'on remarque cette même dit-
férence de hauteur entre l'abside et la nef, la première arcade
du chœur au-dessus de laquelle on aperçoit habituellement le
Christ en croix, placé contre le mur d'intersection.
   Notre Primatiale est donc , sous ce rapport, un curieux
spécimen de ces monuments symboliques qui paraissent si
étranges lorsqu'on ne les a pas étudiés,
   Cependant , on peut être étonné de voir que , contrairement