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                  DE LA DÉCADENCE ROMAINE.                   389

 qui en avait imaginé une au goût du maître , recevait une
 riche récompense, comme un vêtement de soie, chose extrê-
 mement rare et recherchée. Si au contraire la sauce déplai-
 sait, l'inventeur était condamné à ne rien manger autre, jus-
 qu'à ce qu'il en eût composé une meilleure.
    Quant il croyait ses convives complètement ivres , il les
 fermait dans une salle sans lumière et, pendant leur som-
 meil, on y lâchait des lions, des ours , des léopards, exar-
 maios, auxquels on avait arraché les ongles et les dents.
Lorsque les ivrognes se réveillaient le matin ou, ce qui était
 encore plus terrible, lorsqu'ils s'apercevaient durant la nuit
 de cette étrange compagnie, il arrivait que plusieurs en mou-
 raient de peur. Héliogabale plaisantait parfois moins cruelle-
ment : ainsi, il faisait remplir d'air tous les coussins sur les-
 quels reposaient ses convives , et a un signal donné on les
vidait subitement, en sorte que les malheureux allaient ache-
ver leur repas sous la table. Il attachait ses parasites a une
roue qui, tournant dans l'eau , les descendait au fond et les
ramenait à la surface. Il les appelait alors ses chers Ixions.
Enfin, il jetait par la fenêtre les mets dont on faisait simple-
ment l'exhibition, en sorte que ses invités ne mangeaient
que par la vue.— Crev. Hist. emp. 17.—Lamprid. Comm. H.
— Id. Héliog. 23 — 24 — 26 — 28.
    Les empereurs et les grands donnant l'exemple, il n'est
pas étonnant de voir le luxe de la gourmandise prendre un
immense développement. L'histoire nous a transmis soigneu-
sement les noms des gastronomes qui se sont illustrés par
l'invention de préparations culinaires. Quand l'occasion s'en
présentera, je rappellerai les noms de tous ces hommes plus
ou moins célèbres. Il y avait une véritable gloire a être tout
à la fois mangeur et gourmet. L'art de la dégustation fut
poussé tellement loin que l'épicurien Catius pouvait discerner
l'espèce et l'âge d'un poisson ou d'un oiseau.—Hor. Sat. u, 4.