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VOIE ROMAINE. 379 étaient si bien reconnues pour être tout a fait indépendantes de la colline romaine établie sur le coteau de Fourvières que les plus élevées de ces îles et en même temps la plus avan- tageusement située fut choisie par les soixante nations gau- loises pour y élever le temple dédié à Auguste (1). Cet hom- mage des Gaulois ne pouvait avoir un certain caractère ou au moins une certaine apparence de spontanéité qu'autant qu'il avait lieu sur un terrain a eux appartenant. Au milieu d'une colonie romaine , cet acte de nos pères aurait semblé avoir été dicté par le vainqueur et n'être que le résultat de l'obéissance des peuples. L'autel de Lyon, qui n'était bien en effet qu'un acte de courtisanerie, devait avoir toute l'apparence d'un grand acte national, et peut être considéré comme un établissement appartenant entièrement h la Gaule Celtique. Fondé par soixante nations gauloises, élevé par les soins communs des représentants de ces peuples (2), desservi par un col- lège de prêtres où chaque nation avait un délégué, l'autel .d'Auguste ne put être établi que sur un terrain qui ne dé- pendait point du Lugdunum romain. Mais les Gaulois n'étaient point les seuls qui occupaient la rive gauche et les îles du confluent. Ces îles étaient aussi le rendez-vous des marchands grecs, dont les navires remon- taient le Rhône jusqu'à sa jonction avec la Saône. « Ce lieu, « dit M. Morin, sous la protection spéciale des Eduens était « reconnu pour libre, inviolable, ouvert à tous et perpé- « tuellement neutre. Cet espèce de droit était au moins ga- « ranti par l'intérêt commun, car tous trouvaient leur avan- (1) Voir notre Dissertation sur l'emplacement du temple d'Auguste, 2 m e édition. Lyon, Louis Perrin, 1853. (2) Artaud, dans sa notice sur la nauraachie découverte au Jardin-dcs- Plantes, dit que les inscriptions qui y Jurent trouvées étaient relatives aux députés gaulois qui avaient leur place désignée dans cet amphithéâtre.