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352 CORRESPONDANCE INÉDITE sormais qu'offenser la vue des citoyens. Avec cet instinct brutal de destruction qui la caractérise en tous lieux et en tout temps, la populace se rua à la démolition de la citadelle, mais ce fut là une satisfaction précaire , momentanée : on le voit aux mesures que les magistrats se virent contraints de prendre, peu de jours après, mesures qui témoignent de- la pression exercée sur eux par les exigences populaires. Ils fi- rent donc proclamer dans toutes les rues et carrefours de la ville qu'à l'avenir tous les impôts, taxes , redevances et char- ges quelconques seraient abolis, et que les dépenses de l'Etat seraient acquittées au moyen de dons et contributions vo- lontaires offerts spontanément et librement par les citoyens. La joie produite par celte mesure alla jusqu'au délire. La popularité des capitaines et défenseurs de la liberté dépassa toute limite. On se mil aussitôt à brûler sur les places pu- bliques tous les registres d'impositions. Deux semaines ne s'étaient pas écoulées , que tout ce bel enthousiasme s'en al- lait en fumée. Avec le système des dons volontaires pour subvenir aux dépenses de l'Etat, les caisses publiques restaient vides. Chaque jour la situation empirait de toute manière, il fallait, d'une part, sinon conlenler, du moins contenir le menu peuple , de l'autre , se préparer très-sérieusement, si l'on ne voulait pas retomber dans la servitude , à repousser l'invasion et les attaques des divers prétendants au duché, qui tous se mettaient en campagne et marchaient sur Milan. Celle nouvelle porta le trouble dans tous les esprits et parti culièrement dans ceux des capitaines et défenseurs de la li- berté. Après avoir alléché le peuple par l'espérance d'un affranchissement complet d'impôts, on les vit brusquement changer de système et recourir à l'emprunt forcé, aux taxes arbitraires, à l'obligation imposée à chaque citoyen de déclarer, sous peine de confiscation , le montant exact de sa fortune privée. On rappela en toute h<1te les agents du fisc