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                       M. DE MIRFXOURT.                      311

de Béranger et de Paul de Kock, qui termine la biographie
de Déjazet par cette exclamation gaudriolante : « A nous,
« Frétillon ! guerre aux bégueules ! prends ta marotte et
« casse-la sur le nez de ces donzelles larmoyantes ! » prenne
un peu plus loin un ton cafard pour vanter « le catholicisme,
« la sainte obéissance! le Christ et l'autel, la vieille croix
 « de nos pères ! » Que peut-on penser d'un écrivain qui
tient sur une femme des propos si ignobles que nous n'avons
pas osé les citer, et qui fait, à deux pages de distance, l'éloge
de la chasteté et de la continence ?
   Cette révoltante contradiction éclate surtout dans les bio-
graphies d'actrices. M. de Mirecourt a un faible pour le
théâtre. Pour écrire la vie de F. Lemaître, il faudrait, dit-il,
la plume d'un Plutarque ; Mlle Déjazet est une « femme évan-
gélique, » quant à M'fc A. Brohan, qu'il compare simplement
à Mme de Staël, elle a, dit-il, « l'âme d'une chrétienne, » en
voici la preuve : « c'était pendant la sinistre invasion du
« choléra. La courageuse actrice passa quarante-huit heures
« au chevet d'un jeune Américain, auquel elle était unie par
« un intérêt tendre, et que l'épidémie venait de frapper. Son
« détournent se trouvant inutile pour le salut du corps, elle
« appela un prêtre, et décida le moribond, qui était de la
« religion protestante , a se convertir au catholicisme. »
{Brohan, 83).
   Je ferai remarquer à M. de Mirecourt que les protestants
sont chrétiens comme les catholiques ; le fait de faire pas-
ser un jeune Américain de la dernière de ces deux églises
dans la première ne prouverait donc pas plus que M"e Brohan
eût une âme de chrétienne que le fait contraire. Ceci est un
détail. Mais ce qui est profondément répugnant, c'est ce
mélange de boudoir et de confessionnal, de tonsure et de
fausses nattes , tout cela s'agitant au chevet d'un mourant.
Je ne saurais partager l'enthousiasme du biographe pour