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M. DE M1REC0URT. 299 siens dont la conduite n'était pas conforme au code religieux; il n'y a eu contre eux qu'un cri d'indignation , et leurs supé- rieurs se sont hâtés de les désavouer et de les punir, tant la réprobation universelle condamnait cette inquisition odieuse. Que doit-on donc penser d'un individu qui n'étant revêtu d'aucun caractère, n'ayant pas même l'excuse d'un zèle outré que pouvaient alléguer ces prêtres, renouvelle périodique- ment et avec impunité ces délations indignes ? Je ne trouve vraiment d'analogie véritable à cet homme que dans un certain ordre de faits , je veux parler de faits qui ont inspiré de tout temps aux honnêtes gens une honte et une répugnance invincibles. Que n'a-t-on pas dit, que n'a- t-on pas écrit sur le cabinet noir ! La, des êtres innommés et fétides décachetaient avec leur langue baveuse la corres- pondance confiée à la loyauté du gouvernement et promenaient leurs yeux chassieux et leurs mains visqueuses sur les secrets les plus saints et sur les confidences les plus intimes. Le cœur se soulève quand on pense que les épanchements les plus mystérieux de fils à père , d'époux à épouse , de fille a mère, d'amant a maîtresse , lout ce qu'il y a de saint, de grand, de bon, de respectable, tout ce qui ne devrait être dit qu'à voix basse, de cœur à cœur, d'âme a âme, tout cela était défloré, prostitué par les regards louches, par les pattes lépreuses, par les ricanements obscènes de ce troupeau de cagoux. Vous êtes de cet avis, M. de Mirecourt, et vous par- tagez cette horreur universelle. Eh ! que faites-vous donc vous-même et que sont donc vos petits livres , sinon un ramassis de secrets volés et de con- fidences trahies? Osez expliquer au grand jour et devant tous d'où vous viennent les matériaux de vos biographies ? Dites- nous de qui vous tenez vos détails sur les amours de G. Sand; sur l'enfance de Girardin , sur l'emploi habituel de ses jour- nées, sur les papiers classés dans les cartons de son cabinet,