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300 M. DE M1REC0URT. ' sur sa menace prétendue de tuer son père ? Dites-nous qui vous a donné la liste des maîtresses d'E. Sue , de quel la- quais tenez-vous son aventure avec la duchesse de ***, et qui vous a dit comment étaient vêtue ses femmes de chambre ? qui vous a instruit de l'emploi des nuits de Veuillot, et d'où vous vient l'autographe inqualifiable que vous possédez de lui ? Où avez-vous pris vos insinuations calomnieuses sur Lamartine, sur J. Janin et tant d'autres ? Qui vous a ré- vélé les circonstances du mariage de Proudhon ? Quel est l'auteur de ce canevas de roman, par lequel vous insultez, à l'abri de l'anonyme, Mmc de Girardin? D'où viennent vos rapports sur les fréquentations douteuses de M. Ste-Beuve? Parlez , produisez vos témoins , faites voir vos preuves. Fai- tes défiler devant nous les laquais, les cochers, les portiers, les femmes de chambre, les cuisinières qui seuls ont pu vous fournir vos renseignements ; nommez les faux amis qui ont trahi leur ami en vous livrant ses secrets; dites-nous les honnêtes gens qui vous remettent des lettres qui ne vous sont pas adressées ; indiquez-nous enfin les lâches qui vous ont vendu leur maîtresse; et quand vous serez entouré de ce cortège, nous jugerons plus à l'aise la moralité d'une oeuvre bâtie a force de délations , de trahisons et de lâchetés. Ne dites pas que, si vous avez pris vos renseignements partout où ils se trouvaient, c'était dans un but de moralité publique. La moralité publique n'a que faire de moyens aussi bas et aussi honteux, et vos petits livres lui sont une atteinte permanente. On ne fait pas de la moralité avec de l'immo- ralité. Laissez-là ce prétexte en loques qui ne couvre pas vos torts. Dites qu'il vous a fallu réussir à tout prix, et que vous avez voulu émoustiller chez le public blasé lafibredu scandale; de même que la police de M. de Sartines fouillait les corres- pondances pour en extraire des obscénités qui pussent titiller l'imagination morte et les sens énervés du vieux Louis XV.