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M. DE MIRECOURT. 295 de librairie, sont peu sérieuses ; les autres sont trop personnel- les. Il nous a été facile d'éviter ce dernier défaut. Nous ne con- naisons ni M. de Mirecourt ni ses biographies ; nous ne con- naissons que leurs œuvres. Nous serons donc forcément impar- tial dans le sens que l'on attache ordinairement à ce mot qui nous paraît, à nous, n'en avoir aucun. M. de Mirecourt n'aura à faire, cette fois , ni à un obscur libelliste , ni à un Janot des Débals, ni à un Ethiopien du Mousquetaire, ni à un faux apôtre, ni à un Voltairien, ni à un Jésuite, ni enfin à aucun de ceux qui ont mérité, en ne partageant pas son opinion, d'être rangés par lui dans ces diverses catégories. Nous nous préoccupons fort peu de l'homme ; il nous a seulement semblé utile d'examiner son œuvre sous divers points de vue et entre autres sous le rapport du style qui n'a pas été étudié jusqu'ici. Peut-être, d'ailleurs, la province est-elle mieux placée que la critique parisienne pour juger à distance, sans se perdre dans les détails , les faits et gestes du tournoi littéraire. La province n'a pas l'actualité, mais elle a, sinon l'indifférence, au moins le calme de l'éloignement. Elle juge de face et dans son entier le drame dont les Comédiens ne peuvent voir que des hachures, par éclaircies, à faux jour et à contre-rampe. Notre étude ne sera donc que le simple compte- rendu d'un spectateur désintéressé qui apprécie la pièce sans se préoccuper des mesquineries et des rivalités de coulisses. LE CHANTAGE A L BIOGRAPHIE. A Un écrivain connu, dit Voltaire, m'écrivit un jour: « Voici, Monsieur, un libelle que j'ai fait contre vous ; si vous voulez m'envoyer cent écus, il ne paraîtra pas. » (Lettre à l'abbé Prévost, juin 1740). Cette anecdote définit l'une des variétés du chantage. On voit qu'il se pratiquait, il y a cent ans, comme de nos jours. M. de Mirecourt exerce-til le chantage? c'est une question à laquejle aucun biographe contemporain ne peut échapper.