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DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 281 sa rareté, était un objet de grand luxe, et c'est pour cela que L. Papirius, prêta livrer bataille aux Samnites, voua a Jupiter une simple petite coupe de vin. Mais peu a peu, la production devenant plus abondante et les mœurs se relâchant, les femmes imitèrent les hommes et leur disputèrent la palme dans tous les excès possibles. Il paraîtrait que déjà sous les derniers rois de Rome, l'usage du vin n'était plus le privilège exclusif du sexe masculin, puisque le jeune ïarquin et ses compagnons trouvèrent leurs femmes veillant et buvant du vin, inveniunt posito pervigllare Mero. • Plin. — xiv, 14 — Juv. vi, 427—Senec. ep. 95 — Ovid. Fast. »,740. Si la réputation de buveur était une gloire celle de man- geur devait presque marcher de pair, et ordinairement le héros cumulait les deux auréoles. Les auteurs enregistrent minutieusement les exploits gastronomiques des personnages illustres, et sans les faire tous passer sur la scène, je citerai seulement le compétiteur de Septime Sévère, Albin, dont la défaite près de Lyon servit de prétexte au vainqueur, pour commettre de révoltantes cruautés dans notre ville. Voici le menu des déjeuners du susdit : cinq cents figues sèches, cent pêches, dix melons, vingt livres de raisins, cent bec- figues et quatre cents huîtres. J'ai de la peine, je l'avoue, à digérer ce récit de Capitolin, et je pense que l'auteur a omis de nous dire qu'Albin vomissait plusieurs fois, pendant ce monstrueux repas. Cette application des his- toriens latins à nous raconter les hauts faits gastrono- miques de leurs héros prouve combien les prouesses de l'estomac étaient estimées et honorées. La gloutonnerie, re- gardée par nous comme une honte, ne produisait pas le même effet chez les Romains. Le nom d'Aurélien nous est parvenu entouré d'une certaine renommée de dignité; ce n'était pas un mangeur remarquable, et ses mœurs pas- saient pour relativement bonnes : vint cl cibi paulo cupi-