page suivante »
282 DE LA DÉCADENCE ROMAINE. dior, libidinis rarœ. Malgré cela, il ne dédaignait pas de prendre plaisir a voir manger un certain Phagon. — La voracité avait toujours plus ou moins de mérite. — Or Phagon dévora un jour, en présence de l'empereur, un sanglier en- tier, integrum, cent pains, un mouton et un cochon de lait. Il noya le tout, en engloutissant une orca de vin, a laquelle on adapta un petit tuyau, infundibulum. —Capit. in Alb. n — Vopisc. in Aurel., 6 — 49. On conçoit qu'avec cette immense consommation de bois- son, non seulement le vomissement sur le sol ou dans des cuvettes, mais encore l'emploi fréquent de la matella était nécessaire. Les auteurs parlent souvent de ce meuble, et comme d'une chose ordinaire. Si les cuvettes destinées au vomissement étaient fabriquées avec des substances pré- cieuses, la matella, objet de luxe, empruntait aussi sa ma- tière à l'or et à l'argent, à celle des vases murrhins et a l'onyx. M. Antoine employait des vases d'or, in obscenis desi- deriis, au grand scandale de Cléopâtre elle-même. Les fem- mes ne se gênaient pas plus que les hommes et faisaient usage du scaphium a scapha-navicula. —• C'était au moyen d'un petit bruit avec les doigts, crepitu digitorum, que l'on avertissait l'esclave, chargé du soin de la matella. On pro- duisait ce bruit en frottant vivement un des doigts contre le pouce, arguto pollice. L'esclave en question était ordinaire- ment un eunuque. Après cette opération, on se lavait les mains, et on se les essuyait parfois aux cheveux de quelque jeune esclave. L'honnêteté de la langue française ne me per- met pas de traduire les détails suivants, dans lesquels Martial décrit toutes les délices dont étaient accompagnés les repas de Zoïle, un des merveilleux de son époque : Diyiti crcpanlis signa novit eunuchus, El delicalœ sciscitator urinœ Domini bibenlis ebrium •rugit penem.