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210                LES INONDATIONS EN FKANCE.
 pour plusieurs fleuves, depuis plus d'un siècle, par suite de tra-
 vaux grandioses, magnifiques peut-être, mais mal placés.
    A la vue de cet exhaussement du fond du lit des fleuves ou
 d'une partie de leur lit, on s'est préoccupé souvent et à juste
 titre de la profondeur du lit des cours d'eau , les Annales des
 Ponts et Chaussés (1) en ont entretenu leurs lecteurs. C'est qu'en
réalité la question était grave , menaçante ; alors que certains"
 endiguements amenaient, par la masse des eaux encaissées, des
transports énormes de matériaux. Ces matériaux allant se dé-
poser à chacun des bras ou des tournants où il y avait ralen-
tissement de vitesse , il y avait lieu de s'émouvoir. Les opinions
ont été bien partagées, les moyens proposés ont beaucoup varié,
 mais ils se réduisent tous à des digues encaissantes ou à des
écluses de chasse assez fortes pour résister à la charge d'eau. On
voit que les eaux ainsi encaissées prennent une rapidité grande
et emportent par cette rapidité les matières susceptibles d'être
entraînées ; mais ce n'est que reculer le mal, le transporter d'un
lieu dans un autre, et s'il lui était permis de les transporter ainsi
jusqu'à la mer il n'y aurait qu'un demi-mal, celui de faire des
travaux dispendieux et de perdre à la mer d'excellents détritus.
Mais il n'en est pas ainsi : la vitesse va en diminuant avec l'a-
vancement des cours d'eau, si bien que les écluses de chasse
sont les seuls palliatifs dans le voisinage de la mer. Bien avant
ce voisinage les bancs de graviers, les gros cailloux se sont dé-
posés quoi qu'on fasse.
   11 faut donc reconnaître que les portions inférieures des fleuves
vont en général en exhaussant leur lit. Ce fait est évident si l'on
réfléchit que les terrains emportés par la rapidité des eaux qui
se troublent à chaque crue, doivent se déposer quelque part, et
que ces dépôts doivent se faire sur les parties où la pente des
cours d'eau va en s'amoindrissant.
   Dès lors, endiguer un fleuve c'est tôt ou tard exhausser le
fond de son lit au-dessus des prairies environnantes , dans la
partie inférieure de son cours.

  (1) Approfondissement du lit des rivières, par M. Beaumgarlen, 1846.