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SUU LA VIF. FUTURE. 179 principe mystérieux de toute créature, se révéla dans sa splen- deur (Man. I). « Reconnais un grand Être, souverain de toutes choses, plus subtil qu'un atome, plus éclatant que l'or, concevable seulement dans le sommeil de la méditation la plus profonde. Les uns l'appellent Agnis, le feu ; d'autres Manus , l'esprit créateur ; ceux-ci Indras, le roi du ciel ; ceux-là Prà nas, le souffle vivifiant ; d'autres enfin Brahma, l'éternel. (Man. xn). L'unité de Dieu , reconnue par le védisme, consacrée par le brahmanisme , et réhabilitée par le buddhisme après la gros- sière décadence de l'ancien culte sacerdotal, s'était voilée, dans les temps héroïques de l'Inde guerrière et conquérante, sous un brillant et vaporeux polythéisme, dans lequel les génies des élé- ments apparaissent comme les agents visibles , individuels impressionables du pouvoir invisible de Brahma. Mais cette erreur de l'imagination, qui devait engendrer plus tard tant d'abus et de superstitions, n'altère nullement, à cette époque glorieuse la pureté morale des sentiments et les hautes aspirations de l'âme. Qu'on lise le Râmâyan, l'Iliade indienne, dont le sou- venir remplit, depuis trente siècles, les lieux qu'illustrèrent ses héros : quelle noblesse, quelle fidélité , quelle abnégation généreuse, quelle piété fervente dans ces âmes d'élite offertes à l'admiration des peuples! Qui a pu lire sans émotion la sépa- ration de Râmas, esclave volontaire de son devoir, du milieu d'une famille qui l'aime et d'un peuple dont il est l'idole ? Et le dévouement de Sîta, acceptant toutes les privations pour suivre son époux dans l'exil ; et la douleur du père délaissé, chez qui se réveille le souvenir du meurtre fatal d'un jeune brahmane dont sa mort, après tant d'années, sera l'expiation nécessaire ? Quelle tendresse filiale dans ce Yajnadattas, dont le roi rappelle la fin touchante ; et quel noble sentiment dans Râmas, quand au fond des vastes solitudes où s'écoulaient les heures de son exil, il déplore la mort de son père et refuse, au prix même d'une couronne, d'être affranchi de son serment! Nous ne parlerons pas des exploits du héros contre les Raxasas impies, ni de l'enlèvement de Sîta par le redoutable Râvanas,