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SUR L'INDUSTRIE LYONNAISE. 421 prochée, n'oublions pas que nous devons sans cesse nous préoccuper du moment redoutable ; nous devons craindre que le contact de peuple a peuple, que nos exemples, que le secret des organisations de nos fabriques ne parviennent dans un temps donné chez nos voisins. S'ils n'arrivent pas bientôt au même degré de perfection que nous, néanmoins ils pourraient satisfaire aux besoins de leurs nations, et nos exportations seraient considérablement réduites. Ne savons- nous pas déjà que, sur les grands marchés du monde, où se traitent les achats pour les matières premières, Lyon n'est compté pour rien dans la balance des opérations commerciales de l'Europe ? Le vainqueur se repose souvent dans son triomphe, pen- dant que le vaincu travaille sans relâche. Ne nous réjouissons donc pas trop de nos avantages ; songeons à nous prémunir contre les dangers de l'avenir et voyons ce qui se passe près de nous. Lyon était la seule ville de France qui eût une école de dessin, fondée spé- cialement pour son industrie : tout avait été créé dans ce but il y a un demi-siècle. Mais, en reconnaissant les grands services qu'elle a rendus jusqu'à ce jour, n'oublions pas que l'avenir demande de nouveaux efforts. Ne voyons-nous pas, à nos côtés , l'Angleterre, qui ne conçoit rien à demi, exécuter ses vastes projets qui gran- dissent toujours avec les difficultés ? Elle a vu, à son expo- sition de Londres de 1851 , que dans toutes les produc- tions qui exigeaient l'intervention de l'art, elle était inférieure a la France. Il est donc devenu bien évident pour cette nation que, tant qu'elle ne donnera pas un plus grand dé- veloppement à l'étude des beaux-arts, elle ne pourrait jamais rivaliser avec nous, pour la partie artistique, lors même qu'elle appellerait des étrangers pourvus d'un grand talent