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?>6 PROMENADE DANS HOMK enfants, se lèvent, interrompent leurs prières pour écouter l'orateur. On dirait dans ce moment que les siècles sortent eux-mêmes de leurs tombeaux pour se souvenir et pleurer avec la génération présente. De chaque côté de la chaire se tiennent deux vieillards armés de lanternes portatives ; ils sont escortés par une congrégation laïque couverte de cagoules grises ; sous l'é- trange uniformité de ce costume se cachent et se confondent tous les rangs de la société. Le respect humain pourrait-il exister encore sous la livrée de la pénitence et le linceul de la mort ? C'est ainsi qu'a partir du pape Benoît XIV cet édifice fut à jamais préservé contre la déprédation des Guiscard , des Farnèse et des Barbérini futurs. Abriter les arts et le sou- venir des temps passés à l'ombre de l'arbre de notre salut, ne devait être l'œuvre que de la papauté qui fut, durant les longues ténèbres du moyen âge la seule lumière, la seule force morale capable de lutter contre l'empire dévastateur de la violence. Si vous aimez les contrastes remontez avec moi le cours rapide des siècles L'an 70 de notre ère, Titus revenait vain- queur de Jérusalem qu'il avait réduite en cendres ; deux cent mille esclaves juifs , après avoir servi comme ornement de son triomphe, travaillèrent à la construction du Colysée. Deux années suffirent pour le voir terminé. Le jour de son inauguration, Titus assis sur un trône d'or massif surmonté d'un dais de pourpre, préside, a la tête d'une multitude im- mense, le combat de douze mille bêtes sauvages prêtes à se déchirer. Le peuple-roi aime à voir verser le sang, comme le Cécube et le Falerne, à pleins bords. A droite et a gauche du prince , le meilleur qu'eut Rome antique, siègent les consuls, les ambassadeurs, le sénat et les vestales. A chaque ouverture des vomitorium ou entrée