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LE DOCTEUR JEAN FAUST. 449 leur salut. Quelle sombre folie îe tourmente et quelle fausse sagesse t'empêche d'employer joyeusement les quelques an- nées que lu as encore à passer ici-bas? Parle, que puis-je pour te faire plaisir? — Laisse-moi la paix, lui répondit Faust avec un laco- nisme qui surprit fortement le démon. — En quelle étrange humeur je vous retrouve, mon pauvre Fausl? Et-ce que par hazard, Monsieur, vous seriez en train de vous convertir ? — Précisément. Fuis loin de moi. — C'est la première fois que je vous entends parler de la sorte. — C'est la dernière que ma bouche coupable t'adressera la parole. — Faust, vous allez trop loin. — Fuis, te dis-je, Démon. — Quelle mauvaise plaisanterie 1 — Au nom du ciel, va-t'en. Fade rétro, Salanas. — Fade retrô, Satanas, répondit Méphislophélès en imi- tant l'accent solennel que Fausl avait pris pour prononcer ces derniers mots. En vérité, tu parles comme un exorciste au- jourd'hui. — Fade retrô, Satanas, je te le répèle, reprit Faust qui, tout docteur qu'il avait été, en théologie n'en savait pas plus long des formules consacrées par l'Église pour chasser le démon. — Ah! ça! fit Méphistophélès, ce n'est donc point un jeu et lu voudrais sérieusement me faire tourner les talons? Mais le moyen est faible et toute la lilhurgie sacrée dans ta bouche resterait sans force contre moi. Et ton pacte, lu l'as donc oublié? — J'y renonce. — J'y renonce, voilà Irois mots d'une prononcialion facile, 29