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UE GUICHENON. . 427 langage du temps dans lequel et pour lequel elles ont été écrites. Les auteurs des Chroniques relatives à la maison de Savoie, étaient les uns de condition laïque, les autres appartenant à l'église. Les premiers étaient ordinairement attachés au service des Princes de Savoie, en qualité d'officiers ou se- crétaires ducaux. Les fonctions de chroniqueurs n'étaient qu'un accessoire ou un cumul, attendu qu'une profession de cette nature n'était pas alors prisée assez haut pour as- surer au titulaire des moyens suffisants d'existence. Constitués comme ils l'étaient dans un état de dépendance et de servi- lité , ces écrivains se préoccupaient exclusivement, dans leurs compositions, de la mise en relief de leur noble patron et de sa famille. Destitués des éléments nécessaires pour composer une histoire sérieuse , forcés de mettre en œuvre les matériaux que l'on jugeait à propos de leur confier (car il ne leur était pas loisible de les rechercher et de les choisir eux-mêmes), ils remplissaient leurs tablettes de récits fabuleux, d'aventures imaginaires, de hauts faits romanesques conformes au goût peu exigeant de l'époque. Leur premier soin était de forger pour la famille princière qui les entre- tenait à ses gages une généalogie à la hauteur de sa vanité, et quand ils se bornaient à lui assigner pour fondateur l'un des héros troyens, Hector ou Francus, leur véracité ne pa- raissait suspecte à personne, car ils restaient dans les limites des prétentions de leurs maîtres et de la crédulité contempo- raine. Un document fort curieux inséré par M. le chevalier Ci- brario en tête de son Histoire de la Maison de Savoie, nous fait connaîtrece qu'était au XVe siècle la position officielle d'un chroniqueur à la Cour de Savoie. Ce document consiste en une lettre ou supplique adressée par Perrinet Dupin, auteur delà chronique dite dn Comte Rouge, à Mme Yolande de France,