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428                 CORRESPONDANCE INÉDITE
duchesse de Savoieet femme d'AmédéelX, dit le bienheureux.
Ce Perrinet Dupin, que Guichenon croyait natif de Belley,
était un Français né à la Rochelle qui s'était fait connaître
dans sa jeunesse par la composition d'un roman intitulé :
Philippe de Madicn ou le chevalier à Fespervier blanc,
dont il avait fait hommage, en 1448, à la duchesse Anne de
Chypre, princesse très-éclairée et la plus belle femme de son
temps, au dire d'iEneas Sylvius. Dupin fut gratifié en 1476
du double brevet de secrétaire ducal et de chroniqueur en
titre de la Maison de Savoie. Cette fonction de chroniqueur,
outre qu'elle était d'un petit profit, était souvent de nature
a compromettre non-seulement le repos et la sécurité du
titulaire, mais encore sa vie même, s'il avait le malheur de
froisser la susceptibilité des gens de cour, toujours très-
attentifs à ne tolérer la publicité qu'autant qu'elle pouvait
servir leur orgueil et leurs intérêts. Dans leur opinion il
n'appartenait qu'aux princes et aux grands personnages de
l'État de connaître l'histoire véritable du pays. La chroni-
que destinée au public ne devait, suivant eux, avoir d'autre
but que la glorification du Prince et la leur : or ce but pou-
vait être atteint aussi bien , et mieux avec des fictions
qu'avec les pièces probantes. C'était entre les mains des plus
hauts fonctionnaires de l'état qu'étaient déposées les clés des
archives et ce n'était qu'à bon escient qu'ils consentaient h
ouvrir ces dépôts mystérieux. Le même mystère qui envelop-
pait les négociations et les pièces diplomatiques planait éga-
lement sur ce que nous entendons aujourd'hui par l'histoire
proprement dite. On consentait bien parfois à la notification
des faits, mais il n'était réservé qu'à un nombre très-limité
d'affidés d'en connaître les ressorts cachés. Le chroniqueur
était de tous les serviteurs du Prince, le plus assujetti, le plus
étroitement surveillé ; pour lui toute indiscrétion devenait
fatale. Il n'obtenait les communications destinées à former