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                     ESTIËNNE DU TRONCHET.                       355
les Mémoires de Castelnau, du sieur de Bourdeille, dans la Bio-
graphie universelle de Michaud et dans l'Histoire de Mézerai.
    Le lendemain, il fut retrouvé parmi les cadavres, et ne fut
« veu jamais un plus bel homme mort, par le dire et opinion
« de tous ceux qui le virent et de moy aussi... Il fut fort r e -
« gretté d'aucuns, et d'autres nullement, et mesmes de la Reyne,
« qu'on disoit avoir débattu au Conseil estroit du Triumvirat,
« qu'il la falloit jetter en un sac dans l'eau, laquelle opinion fut
« trouvée fort, voire plus qu'estrange, d'opiner ainsi la mort
< de sa Reyne, femme de son Roy et qui l'avoit tant aymé et
  (
 « favorisé, et elle et tout ; jusque-là que quasi ordinairement,
« quand il n'y avoit plus grand que luy, il la menoit danser
« dans le grand bal, car le Roy menoit toujours Madame sa
 « sœur. Si ne l'avait-on jamais trouvé cruel pourtant. »
    Ces détails ne manquent pas d'intérêt, mais on sait combien
il faut se défier des intempérances de langue et des venimeux
propos de Brantôme.
    Quoi qu'il en soit, je crois être agréable au lecteur en lui
donnant encore quelques fragments de ce peintre si original qui
fut en raccourci le précurseur de Saint-Simon .
    « Ceux, dit-il, qui n'ont ouï que parler de la vie délicieuse de
 « Monsieur de Saint-André, n'ont jamais bien pu juger ny
 « croire qu'il fust esté si grand capitaine qu'il a esté, car il a
 « esté fort sujet de tout temps à aimer ses ayses, ses plaisirs
 « et grand luxe de table. C'a été le premier de son temps qui
 « les a introduits à la Cour, et, certes, par trop excessifs (disoit-
 « on) en friandises et délicatesses de viandes, tant de chairs
 « que de poissons et autres friands mangers.
     « Pour les superbetez et belles parures de beaux meubles
 « très-rares et très-exquis, il en a surpassé mesme ses Roys,
 a ainsi qu'on a veu longtemps paroistre en aucunes des maisons
 « et principalement à Valéry, l'une des belles et plaisantes de
 « la France, et après sa mort qu'on les a veu vendre à Paris
 « aux encanls desquels on n'en put jamais quasi voir la fin,
  « tant ils durèrent !... Rref, qui voyoit de ce temps-là Valéry
  « meublé, n'en pouvoit assez estioier ny en priser les richesses ;