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ANTOINE BEUJON. Ã65 de Berjon, en possède un remarquable portrait dessiné par Au- gustin au crayon noir relevé par des effets de crayon blanc sur papier bleu. Ce portrait, qui reproduit le modèle à la dimension du quart de la nature pour ne pas dire un peu plus, est un véri- table chef-d'Å“uvre. Il est dessiné avec une admirable finesse et une force de modelé qui n'excluent pourtant pas la largeur et la puissance : la pose est pleine d'originalité, et la tête a un caractère de vie accompagné d'une expression railleuse qui indique la nature prise sur le fait, et qui peint l'homme avec autant de vérité que. d'énergie. Ces belles et rares qualités, que l'on retrouve dans tous les portraits dessinés par Berjon, accompagnées du sentiment individuel qui est le propre de chaque maître, sont une raison suffisante de croire qu'il dut à ce commerce d'amitié qu'il avait fait avec Augustin, de précieux avantages et de remarquables progrès. Il est également supposable qu'il fut son élève pour la miniature dans laquelle il arriva à un talent de premier ordre, et qui a presque égalé celui de son illustre ami. Comme Berjon se trouvait encore à Paris après le coup d'Etat du 18 brumaire, il profita de l'énergique impulsion que cet événement politique avait donnée aux arts comme aux autres branches de la civilisa- tion, pour travailler avec ardeur à sortir de son obscurité, et plu- sieurs témoignages contemporains établissent qu'il y réussit assez pour être souvent et beaucoup remarqué. Ses travaux ne se bor- naient pas à la spécialité de peintre de fleurs à laquelle il se con- sacra plus tard exclusivement ,• il peignait et dessinait alors le portrait avec une supériorité incontestable, et il a laissé dans ce genre des portraits aux différents crayons, au pastel, à la sépia et à l'encre de Chine, ainsi que des miniatures qui ne redoutent au- cune comparaison ni aucun voisinage ; les personnes qui ont visité l'exposition de ses ouvrages , qui a été faite après sa mort, dans la grande salle du palais Saint-Pierre, ont assurément conservé entre autres souvenirs, celui d'une étude de femme au pastel, nue et vue à mi-corps, d'un très-beau dessin et dont l'éclat et la vigueur égalent pour le coloris ce que la peinture à l'huile a pro- duit de plus puissant. De retour à Lyon vers l'année 1810, Berjon fut d'abord attaché