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lf>4                     ANTOINE BERJON.

    Il y resta plusieurs années qu'il employa à cultiver divers
genres de peinture et principalement celle des fleurs et des fruits
dans laquelle il parvint à acquérir, par un travail obstiné, ce
savoir profond et cette prodigieuse habileté que nous avons pu
connaître ensuite. Malgré son zèle et ses progrès , il n'y fut pas
toujours heureux , on dit même qu'il y éprouva quelquefois les
atteintes de la misère ; son caractère bizarre, trop raide pour se
plier aux exigences du savoir-faire qu'un beau talent même ne
remplace pas toujours, lui nuisait déjà comme il lui a nui au reste
pendant toute sa vie. Mais d'aussi rudes épreuves ne pouvaient avoir
qu'une faible action sur une organisation aussi fortement trempée
que la sienne, et quelques dures et réitérées qu'elles fussent
il les supporta toujours avec beaucoup de constance et d'énergie.
Il est vrai de dire aussi qu'une misère aussi fièrement supportée
fut aussi noblement secourue par des amis que le malheur ne lui
avait point fait perdre. Un de nos plus gracieux poètes, Mme Des-
bordes-Valmore , dont les œuvres pleines de délicatesse et de
charme ont maintenu la réputation au sein des lettres françaises,
lui tendit plusieurs fois une main secourable ; un amateur éclairé
des arts, feu M. Danguin, lui rendit également les plus importants
services ; mais, par malheur pour lui et pour la mémoire qu'il a
laissée, des bienfaits aussi délicats ne laissèrent qu'une impression
bien peu durable dans son souvenir, et c'est à notre grand regret
que la vérité nous force de dire qu'il s'en montra bien peu re-
connaissant ; on dit même que plusieurs années après, alors que
de retour à Lyon il y dirigeait une classe particulière de dessin ,
et qu'il en donnait des leçons au fils de son bienfaiteur; ce
jeune h o m m e , loin d'être pour lui l'objet d'un intérêt et de
soins particuliers, comme on devait tout naturellement s'y at-
tendre, eût à supporter de sa part encore plus de tracasseries
et de brutalité que ses autres élèves , et Dieu sait pourtant com-
bien peu il les leur épargnait !
    C'est pendant son séjour à Paris que Berjon se lia d'amitié avec
le célèbre miniaturiste Augustin, dont il reçut probablement des
 conseils et peut-être même des leçons. L'un des plus honorables
fabricants de notre ville, M. Meynier, qui fut aussi l'élève préféré