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LE VEAU D'OR. II,'} Mais bien la virago, dont le soin favori Est d'aller à la Bourse, à l'insu du mari. Vainement on la chasse, et le monstre sans sexe Garde pour ses exploits le portique et l'annexe. Passons vite en courant: peu fréquent est le cas, Et le bon genre au moins ne le patronne pas. J'ai sur un dernier point à vous répondre encore. Vous avez dit de moi: « Morose matamore, Ainsi que tous les vieux sur le bord du fossé, Il pourfend le présent et prône le passé. » Ce passé m'est connu : bien plus que vous peut-être, Je n'ai pas le désir de le sentir renaître. Je ne suis pas tenté de remonter au temps Où l'homme à ses repas ne mangeait que des glands ; Et, sans aller si loin, je ne peux me résoudre A mettre de nouveau la perruque et la poudre, Tandis que vous voulez restaurer les beaux jours Où Boucher florissait ainsi que ses Amours. N'ayant pu nous coiffer avec la poudre blanche. C'est sur la poudre d'or que vous prenez revanche. Des femmes du beau monde, au luxe aventureux, En ont déjà , dit-on, coloré leurs cheveux, Ainsi que le faisait Rome en sa décadence. Vous nous ressuscitez les moeurs de la régence, Et peut-être qu'après l'ignoble lansquenet, Vous voudrez rétablir la culotte à mollet. Dans vos cercles, où brille une riche dorure, Des roués d'autrefois vous prenez la tournure, Jouez le baccarat, déguisés en marquis, Et, pour les imiter, vous comptez en louis. Notre Bourse moderne est fille du système Qui de l'écossais L a v a reçu le baptême. Tous les Jourdains d'alors, honteux d'être bourgeois, S'entendaient appeler: marquis de Quincampoix;