Revue du Lyonnais » série 2 - n°12 ( 1856 ) » pp.044

iA             DE L'EXISTENCE D'UN MONNAYAGE.
    " Plaise à Monsieur Colbert de considérer pour Mademoiselle
d'Orléans que par diverses lettres patentes duement vérifiées,
les Roys, prédécesseurs de sa Majesté, ont accordé aux souverains
de Bombes et confirmé successivement la permission de fabri-
quer dans leur monnaye touttes les mesmes espèces d'or, d'ar-
gent et autres que celles qui se fabriquent en France avec faculté
de les y exposer-, que par cette raison le Roy voulant encores don-
ner des marques plus particulières de la considération qu'il avoit
pour Mademoiselle qui a l'honneur de luy appartenir de si près
que les Roys n'en avoient encores donné à ses prédécesseurs qui
n'avoient paslernesme advantage, ayant suprimé, en 1648, les
presses pour les doubles dans son Royaume, et ayant désiré que
Mademoiselle suprimast aussy les siennes en Dombes, elle lui au-
roit pour raison de cette suppression accordé une indemnité de
8000 livres par an à prendre sur les gabelles de Lyonnois, et fait à
cette fin expédier ses lettres patentes, enregistrées en la Chambre
des Comptes.Cependant, sa Majesté ayant estably depuis quelques
années la fabrique des pièces de quatre sols dans le Royaume ,
Mademoiselle n'a pas voulu en faire faire dans sa monnoye,
crainte que ceux qui avoient entrepris cette fabrique, et qui en
payoient une finance dont sa Majesté avoit besoin pour la guerre,
prissent de là occasion de demander diminution. Elle fit mesme
commander lors à tous les ouvriers de sa monnoye d'aller tra-
vailler dans celle de Neujville, où l'on en avoit besoin pour la
 fabrique de ces pièces de quatre sols. Et néantmoins Mademoi-
 selle a appris que sa monnoye eust entièrement cessé sauf pour
 la fabrique de quelques espèces de billon de la valeur de trois
 deniers dont l'usage est très ancien , très utile et très commode
 aux provinces de Lyonnois , Beaujolois et Forest, qui en reçoi-
 vent l'exposition, dont on ne fait la fabrique qu'a proportion
 du besoin qu'en ont les peuples, et laquelle depuis plusieurs an-
 nées qu'elle est en usage ne monte pas à six cent mille livres, sur
 laquelle le seigneuriage est extrêmement modique. Sous prétexte
 delà réduction des sols marqués à douze deniers, sa Majesté avoit
 fait aussy réduction de ces liards a deux deniers seulement, ce
 qui rend la monnoye de Mademoiselle entièrement inutile, en-