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i:W FEDOR ET LOUISE. 403 — Eh bien, qu'on me pardonne, dit Mme Petermann, si l'on éle- vait une colonne pour chaque cerf tué il y en aurait plus que de troncs d'arbres. — Vous ne comprenez pas, reprit l'amateur, ce n'était pas une chasse à t i r , mais une chasse à courre, où l'on poursuit le cerf jusqu'à ce qu'il tombe de fatigue. — Comment fait-on donc cette chasse ? demanda Louise. — On cherche un cerf et on le poursuit avec des chevaux et des chiens jusqu'à ce qu'il tombe. Plus le cerf est vigoureux plus longtemps dure la chasse ; il court des lieues entières ; il éventre une douzaine de chiens avec ses cornes ; des chevaux tombent morts ; des cavaliers se rompent le cou, et enfin la chair de ce cerf est si noire qu'elle n'est pas bonne même pour les chiens ; mais ce n'est pas ce que l'on cherche dans ce plaisir de prince. On veut voir les sauts du cerf, son inquiétude, ses ruses pour échapper à la meute. Maintenant cette chasse est à peu près passée de mode ; seulement en Angleterre on la pratique encore pour les renards. Pendant cette conversation on arriva à la place de chasse, grand espace en partie entouré de filets et de toiles de plus de deux mètres de hauteur ; pour voir dans l'intérieur, les spectateurs se plaçaient sur le coteau voisin, sur les arbres, sur les voitures. Louise et M me Petermann étaient montées sur une charrette ; au milieu de la place s'élevait un pavillon pour les princes et leur suite. Pendant que l'on attendait, quelques spectateurs racon- taient des histoires plaisantes pour faire prendre patience. On entendit enfin un grand bruit. Les traqueurs arrivaient en criant et en frappant leurs instruments. Ils chassaient devant eux une troupe de cerfs, de chevreuils, de renards, de lièvres qui s'é- lancèrent hors du taillis, mais qui à cause des toiles, furent obligés de prendre leur course du côté du pavillon. On entendit trois coups de fusil et deux cerfs qui étaient touchés firent de grands sauts. Ils coururent tous jusqu'au bout de la forêt, d'où une nou- velle bande de traqueurs les repoussa vers le pavillon. Un cerf cependant s'élança par-dessus les toiles et s'échappa aux grands applaudissements des spectateurs.